Daniélou, Jean (1905-1974)
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Biographie
Jeunesse et famille
Jean Daniélou est le fils de Charles Daniélou, homme politique, plusieurs fois ministre, plutôt anticlérical, et de Madeleine Clamorgan, fondatrice de la communauté apostolique Saint-François-Xavier, des institutions Sainte-Marie et d'une Université libre de jeunes filles. Il a pour frère cadet l'indianiste Alain Daniélou (1907-1994). Une de ses sœurs épousa Georges Izard, membre de l'Académie française.
Jésuite et prêtre
Élève à Sainte-Croix de Neuilly, il poursuit des études de lettres et de philosophie à la Sorbonne. Il est agrégé de grammaire en 1927. Parallèlement, il s'engage auprès de la Conférence Olivaint. Il entre ensuite chez les Jésuites en 1929 et se consacre à l'enseignement, d'abord dans un collège de garçons à Poitiers. Il suit des études de théologie à la Faculté catholique de Lyon, alors l'une des plus réputées au monde, et il est ordonné prêtre le même jour et avec l'Abbé Pierre en 1938.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est mobilisé dans l'armée de l'Air jusqu'en 1940. Revenu à la vie civile, il achève son doctorat de théologie en 1942 et devient aumônier de l'École normale supérieure de jeunes filles, à Sèvres. Il fonde la collection « Sources chrétiennes » en collaboration avec Henri de Lubac, inaugurant ainsi le renouveau de la patristique catholique{{,}}.
En 1943, il soutient sa thèse « Platonisme et théologie mystique. Essai sur la doctrine spirituelle de saint Grégoire de Nysse ».
Il devient rédacteur aux Études en 1944 (jusqu'en 1969), il fonde le Cercle Saint-Jean-Baptiste en 1944 et participe avec Marcel Moré à la revue Dieu vivant de 1945 à 1956.
Il se voit attribuer en 1944 une chaire d'histoire du christianisme ancien à l'Institut catholique de Paris, dont il deviendra le doyen en 1962. À la demande du pape Jean XXIII, il participe comme expert (peritus) au concile Vatican II.
Cardinal
En 1969, il est nommé « évêque titulaire » de Taormina puis créé cardinal par le pape Paul VI lors du consistoire du {{date}}.
Il est élu à l'Académie française en novembre 1972, succédant au cardinal Tisserant.
En octobre 1972, il dénonce avec force la crise des ordres religieux, qu'il attribue à trois facteurs : d'une part, une tendance à vouloir se fondre dans la vie séculière ; d'autre part, la dépréciation des constitutions et des règles au profit de la spontanéité et l'improvisation, au nom d'une liberté mal comprise; et enfin la mise en cause de la permanence des fondements des ordres religieux. Son appel à revenir à ce qu'il considère comme les véritables orientations du concile Vatican II est perçu comme une attaque contre la politique du supérieur général des jésuites Pedro Arrupe, qui préside alors en outre l'Union des supérieurs généraux d’ordres religieux. Dès lors, Jean Daniélou est en froid avec ses confrères jésuites de Paris, et notamment Bruno Ribes, directeur de la revue Études.
Sa mort subite suscite beaucoup de commentaires peu charitables, puisqu'il meurt d'un infarctus chez une prostituée parisienne à laquelle il était venu apporter de l’argent pour payer un avocat capable de faire sortir de prison son mari. Une enquête est faite par la compagnie de Jésus pour vérifier ce qui s’est vraiment passé. Sandro Magister indique qu'« ils contrôlèrent son innocence. Mais, de fait, ils entourèrent l’affaire d’un silence qui n’échappa pas aux soupçons ». Le communiqué officiel porte que c'est « dans l'épectase de l'Apôtre qu'il [est] allé à la rencontre du Dieu Vivant », employant ainsi un terme théologique désignant l'effort de l'âme vers la sainteté, abondamment commenté par Daniélou lui-même dans Platonisme et théologie mystique (1944).