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Baubérot, Jean (1941-....)

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Biographie

Jean Baubérot est le fils du professeur d'histoire René Baubérot, fondateur du musée de Châteauponsac qui porte son nom.

Une formation d'historien

Fils d'enseignants, il suit ses études secondaires au lycée Gay-Lussac à Limoges et obtient le Premier Prix d'Histoire au Concours Général des lycées en 1959. Il est lauréat de la Fondation Zellidja ({{3e}} Prix) en 1960. À l'Université Paris IV-Sorbonne, il obtient un Doctorat en histoire (sous la direction de Jean-Marie Mayeur) en 1966, un doctorat ès lettres et sciences humaines en 1984. En 1967, il avait aussi obtenu un diplôme de l'École pratique des hautes études (EPHE).

Carrière universitaire

Débutant comme collaborateur technique à l'EPHE en 1967, il y devient assistant de recherches en 1971, puis directeur d'études à partir de 1978. Il préside la section des sciences religieuses entre 1986 et 1994 et sera nommé Président de l'École en 1999, avant d'en devenir Président honoraire en 2003.

Il a été le fondateur en 1995 et directeur jusqu'en 2001 du Groupe de Sociologie des religions et de la laïcité (CNRS-EPHE).

  • Président d’honneur de l’École Pratique des Hautes Études, Professeur émérite de la Chaire « Histoire et Sociologie de la Laïcité », EPHE (Sorbonne)

Conseiller ministériel et engagements politiques

En 1971, il refuse de rejoindre le Parti socialiste qu'il juge « trop social-démocrate ».

Il est « la plume » de François Mitterrand pour les sujets concernant la laïcité.

  • Il est appelé entre 1997 et 1998 comme conseiller technique au cabinet de Ségolène Royal, ministre délégué chargé de l'enseignement scolaire (Éducation à la citoyenneté).
  • Membre de la Commission consultative des cultes, Ministère de l’Emploi et de la Solidarité (1999-2004)
  • Membre de la Mission d’évaluation, d’analyse et de propositions relatives aux représentations violentes à la télévision (Ministère de la Culture, juin-décembre 2002)
  • Membre de la Commission sur l’Enseignement supérieur privé du Ministère de l'Éducation nationale (2003-2007)
  • Membre de la Commission indépendante sur l’application du principe de laïcité dans la République dite « Commission Stasi » (juillet-décembre 2003)
  • Membre de la Commission « Sigma », Commissariat Général du Plan (2004-2006)

Il soutient Ségolène Royal à la présidentielle de 2007 et à la primaire de 2011. Il vote François Hollande à la présidentielle de 2012.

Apport à l'histoire de la laïcité en France

Le pacte laïc

Jean Baubérot soutient l'hypothèse que la France doit se dégager de ses « racines chrétiennes ». Dans son ouvrage, lHistoire de la laïcité en France (2005), il précise que la notion de pacte laïque n'implique nullement que la séparation des Églises avec l'État soit le résultat d'une négociation de puissance à puissance, mais rend compte du passage d'une laïcité qui était le bien exclusif d'une des deux France en conflit (celle des tenants de la Révolution française et celle de "la fille ainée de l'Église"), à une laïcité qui peut inclure les membres des deux France lorsque, en 1946, la laïcité est devenue constitutionnelle avec la Quatrième République, de même en 1958 dans la constitution de la {{Ve}} République.

La laïcité présente trois aspects. L'État est sécularisé, la liberté de croyance et de culte est entière, enfin les croyances (religieuses ou non) sont égales entre elles. Ainsi la laïcité signifie la neutralité de l'État, au service des droits de l'homme et de la liberté de conscience. Telle était la position de Ferdinand Buisson, selon Baubérot. Les laïcistes construisent selon lui une sorte de laïcité intolérante et identitaire en privilégiant le seul critère de sécularisation, qui est pourtant un terme théologique. Certes, une sécularisation sans laïcité serait une sorte d'œcuménisme, non une vraie laïcité. Mais une laïcité sans liberté religieuse serait une sorte d'athéisme officiel, contraire à la liberté de conscience au nom de l'émancipation. Maintenant, les croyants tendent à privilégier le deuxième critère, la liberté religieuse, et les religions minoritaires l'égalité entre les cultes. En tout cas l'égalité de leur propre religion.

Les seuils de laïcisation

Jean Baubérot est également l'auteur de la notion de seuils de laïcisation : il distingue trois seuils, le premier est le résultat de la révolution française et du recentrage opéré par Napoléon Bonaparte, le seconde des lois laïcisant l'école publique (1882-1886) et séparant les Églises et l'État (1905, 1907, 1908), le troisième s'est élaboré de 1968 (contestation anti-institutionnelle de mai 68) à 1989 (chute du mur de Berlin, {{1re}} affaire de foulard).

Critique

Le philosophe Henri Peña-Ruiz a critiqué le chapitre "la laïcité en débat : interprétations et controverses (exemples)" de son livre La laïcité (2003). Il conteste l'idée de pacte laïque élaborée par Jean Baubérot dans son ouvrage Vers un nouveau pacte laïque ? (1990) à propos notamment de la loi de séparation des Églises et de l'État en 1905, en soulignant qu'un pacte suppose qu'il y ait eu une négociation avec les Églises, ce qui n'a pas été le cas. «Il s'agit de savoir si la laïcité doit se renégocier en fonction des évolutions du paysage religieux», ou s'il s'agit d'une « valeur principielle transcendant les différentes options spirituelles et qui échappe à la relativisation ».

La réponse de Jean Baubérot (cf son Histoire de la laïcité en France, Que sais-je ? aux PUF) est que la notion sociologique de "pacte" n'implique pas forcément une négociation formelle (cf déjà le {{3e}} sens du Robert) mais signifie "la capacité de concevoir un avenir différent de l'horizon conflictuel qui borne le présent ; la volonté et la possibilité politique d'agir autant selon cet avenir utopique qu'en fonction du conflit présent et de se donner les moyens de parvenir à une (relative) pacification".

En revanche Patrick Cabanel (Les mots de la laïcité, Presses Universitaires du Mirail, Toulouse, 2004) estime que la notion est historiquement pertinente ({{p.}}).

Décrit par Edwy Plenel comme un « protestant laïque », Jean Baubérot se réclame d'une "laïcité inclusive". Il estime en revanche que l'œuvre de Henri Peña-Ruiz est marquée, de façon paradoxale mais significative, par une historiographie confessionnelle… en retenant essentiellement de Bonaparte - le Concordat - sans tenir compte du Code civil qui dissocie de façon stable les lois des normes religieuses.

Petite histoire du christianisme
LivresDisponible
Publication
Paris : Librio, impr. 2008
Date de publication
2008
Des religions dans l'histoire
LivresDisponible
Publication
Paris : Éd. "Autrement", 2003
Date de publication
2003