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Ysaÿe, Eugène (1858-1931)

Biographie

Eugène Ysaÿe naît dans un modeste deux pièces situé rue Sainte-Marguerite d'une famille originaire de Soumagne. Son grand-père était artisan et violoniste amateur, son père fut chef d'orchestre.

Il commence ses études de violon à l’âge de cinq ans, avec son père, Nicolas, chef d'orchestre au Pavillon de Flore. À sept ans, il entre au Conservatoire de Liège, dans la classe de Désiré Heynberg (1831-1897), d’où on l’expulse au bout de quatre ans à cause de critiques du père concernant les cours et insubordination notoire. Il s'installe dans une cave pour travailler. Henri Vieuxtemps passe dans la rue et l'entend jouer, il prend alors le garçon en charge, le fait travailler et réussit à le faire réintégrer au conservatoire dans la classe de Rodolphe Massart (1840-1914). À l'âge de quinze ans, il obtient son diplôme de fin d’études. Par l’intermédiaire de Vieuxtemps, il reçoit une bourse pour travailler avec Henryk Wieniawski à Bruxelles (qui y avait remplacé Vieuxtemps, devenu paralysé d'un bras). Il part au bout de deux ans pour Paris afin de travailler avec Vieuxtemps qui y résidait alors.

En 1879, le violoniste allemand Joseph Joachim l'introduit dans la vie musicale de la ville de Cologne, où il interprète, avec Clara Schumann, la Sonate en ut mineur de Ludwig van Beethoven. En 1880, il est premier violon à l'Orchestre promenade de Benjamin Bilse, à Berlin, orchestre dont sera issu, plus tard, l'Orchestre philharmonique de Berlin. Toujours à Berlin, Franz Liszt et Anton Rubinstein viennent écouter celui qu'ils appelaient « der famose Kerl » (Ysaÿe avait fait leur connaissance à Paris en 1876, au cours des soirées musicales chez Vieuxtemps, et une admiration mutuelle s'était développée). À partir de 1881, il entreprend des tournées de concerts avec Anton Rubinstein entre autres en Russie, en Norvège, où il rencontre Edvard Grieg, et à Paris. Là, il se lie d’amitié avec son compatriote liégeois César Franck qui composa pour lui sa célèbre sonate (en cadeau de mariage).

Il pratiqua la musique de chambre avec Hugo Becker et Ferruccio Busoni. Ensemble ils constituèrent un trio avec piano.

L'élève de Franck, Ernest Chausson, lui dédie quant à lui son Poème pour violon et orchestre et son Concert pour violon, piano et quatuor à cordes. D’autres musiciens célèbres lui dédient aussi de nombreuses œuvres, Claude Debussy son quatuor, Camille Saint-Saëns une sonate, Gabriel Fauré son second quintette, Edward Elgar, et de nombreux compositeurs belges (Joseph Jongen, etc.). Au cours de ses voyages à Vienne et Bordeaux, il attire beaucoup l’attention avec, entre autres, son interprétation du Poème de Chausson qu'il impose dans ses programmes, allant même jusqu'à refuser de jouer si les organisateurs n'incluent pas l'œuvre.

En 1894, il crée et dirige les Concerts Ysaÿe à Bruxelles, ainsi que le Quatuor à cordes Ysaÿe, avec Mathieu Crickboom au second violon. La même année, il se produit aux États-Unis. De 1886 à 1898, il est professeur au Conservatoire royal de Bruxelles. Ses plus prestigieux élèves sont Josef Gingold, William Primrose, Louis Persinger, Alberto Bachmann et Mathieu Crickboom. De 1918 à 1922, il accepte le poste de chef permanent de l'orchestre symphonique de Cincinnati.

Ses instruments personnels sont d'abord un Stradivarius, lHercule, qui lui fut volé au cours d'un concert en Russie, et un Guadagnini. Plus tard, il joue sur un Guarnerius del Gesù de 1740 (qui fut ensuite la propriété d'Isaac Stern).

Nommé "Maître de Chapelle de la Cour de Belgique" par le Roi {{nobr}} de Belgique, il devint très tôt le conseiller musical de la Reine Élisabeth de Belgique et le concours créé par celle-ci, qui portait d’abord le nom de "Concours Ysaÿe", fut appelé en 1951 Concours musical international Reine-Élisabeth-de-Belgique (CMIREB).

Chapelle musicale Reine Élisabeth : son origine est liée à deux fortes personnalités : la Reine Élisabeth, élève d'Ysaÿe et soucieuse d'aider les jeunes talents et Eugène Ysaÿe, un des plus grands violonistes et compositeurs de son époque.

Peu avant sa mort, il put encore entendre, de son lit d'hôpital, la retransmission en direct de la création de sa dernière œuvre, un opéra en langue wallonne : Pier li Houyeu. Il put même, grâce à un duplex avant-gardiste (1931) organisé par la Reine Élisabeth, s'adresser directement au public du Théâtre royal de Liège, tandis que son portrait était projeté sur un grand écran.

Eugène Ysaÿe a été choisi comme un des "Cent Wallons du siècle", par l'Institut Jules Destrée, en 1995.

Il est inhumé au cimetière d'Ixelles.

6 sonates pour violon seul
CDDisponible
Publication
[France] : [distrib. Socadisc], P 2012
Date de publication
2012