Trumbo, Dalton (1905-1976)
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Biographie
Jeunesse et débuts dans le cinéma (1905-1947)
Dalton Trumbo naît dans le Colorado en 1905. À l'âge de vingt ans, il part pour la Californie. Il y travaille comme boulanger la nuit, tandis que le jour il étudie à l'Université de Californie du sud. À la fin de ses études, il commence à écrire des articles en tant que journaliste indépendant.
En 1933, il devient rédacteur en chef de la revue Hollywood Spectator, une publication de critique cinématographique. La revue cesse de paraître un an plus tard. Trumbo est alors engagé comme lecteur à la Warner Bros jusqu'en 1936. Il est renvoyé, car il refuse de démissionner de la Screen Writers Guild, un syndicat fortement ancré à gauche. Il écrit quelques scenarii sans grande importance pour la Screen Writers Guild et milite dans plusieurs associations de gauche.
En 1938, il épouse Cléo Beth Fincher avec qui il a trois enfants. Cette année-là, il écrit le roman Johnny s'en va-t-en guerre (Johnny Got His Gun). Il écrit également le scénario de son premier « grand » film, A Man to Remember de Garson Kanin. Il devient rapidement l'un des scénaristes les mieux payés d'Hollywood. Il a une capacité à écrire très rapidement : en une journée il peut proposer trois, quatre versions d'une même scène. En 1941, Kitty Foyle, réalisé par Sam Wood, est nommé pour l'Oscar du meilleur scénario. Il est également un grand pamphlétaire.
En 1941, peu de temps après l'invasion allemande de l'URSS, alors que le Parti communiste USA (PC USA) vient de faire un virage à 180° sur la question de l'entrée en guerre, Johnny s'en va-t-en guerre est épuisé et l'extrême droite américaine fait pression sur lui et son éditeur pour obtenir une réédition. Cela le convainc que c'est « exactement le type de livre qu'il ne fallait pas réimprimer avant la fin de la guerre ». Il va jusqu'à informer le FBI des agissements de ces correspondants, ce qui provoque le début de ses ennuis avec celui-ci.
Il est membre du Parti communiste USA de 1943 à 1948{{,}}.
Les années noires (1947-1960)
En octobre 1947, le House Un-American Activities Committee (commission des activités antiaméricaines) se réunit à Washington et commence des audiences afin de déterminer quels sont les individus « déviants » du monde hollywoodien. Trumbo est l'un des Dix d'Hollywood, qui refusent de répondre à la question : {{citation}}. Les dix invoquent le premier amendement (liberté d'expression et de réunion) pour justifier leur refus de répondre. La commission, quant à elle, estime qu'ils outragent le congrès. Trumbo est condamné à une peine de prison qu'il effectue en 1950 pendant onze mois.
La commission des activités anti-américaines
Trumbo ne refuse pas catégoriquement de répondre à la question, mais ne répond pas comme le désirerait la commission. {{refnec}}. L'échange a lieu entre Trumbo, J. Parnell Thomas (président de la Commission) et Robert E. Stripling, l'enquêteur en chef de la Commission :
- Le président - (coups de marteau)… un instant. La commission veut savoir quelle était la question, et voir si votre réponse est pertinente. Quelle était la question ?
- L'enquêteur en chef - Monsieur Trumbo, je vais vous poser diverses questions, toutes auxquelles il peut être répondu par "oui" ou par "non". Si vous voulez donner une explication après avoir fourni cette réponse, je suis persuadé que la commission donnera son accord. Cependant, afin que cette audience puisse se passer régulièrement, il est nécessaire que vous répondiez à la question sans faire de discours en réponse à chaque question.
- Dalton Trumbo - Je comprends, Monsieur Stripling. Cependant votre travail est de poser des questions et le mien est d'y répondre. Je répondrai par oui ou par non si cela me convient de répondre ainsi. Je répondrai en utilisant mes propres mots. Il y a beaucoup de questions auxquelles il ne peut être répondu par "oui" ou "non" que par un imbécile ou un esclave.
- Le président - La Commission est d'accord avec vous, vous n'avez pas besoin de répondre par "oui" ou par "non".
- Dalton Trumbo - Merci, monsieur.
- Le président - Mais vous devez répondre aux questions.
Trumbo souhaitait également ajouter une déclaration dans laquelle il présente une défense offensive, niant la légitimité de la Commission et comparant la situation à l'incendie du Reichstag en 1933 qui avait permis d'asseoir le pouvoir de Hitler.
La liste noire
Il est inscrit sur la liste noire de Hollywood ce qui lui interdit de travailler dans le cinéma. Il s'exile au Mexique avec Hugo Butler et sa femme Jean Rouverol eux aussi sur la liste noire. Il y rencontre Luis Buñuel et une relation amicale se noue entre les deux cinéastes. Il lui parle alors d'un projet qui lui tient à cœur : l'adaptation au cinéma du livre qu'il a écrit en 1938, Johnny s'en va-t-en guerre. Au Mexique, il continue à écrire pour le cinéma américain sous des noms d'emprunts, Millard Kaufman (Gun Crazy en 1950) ou encore Robert Rich, nom sous lequel il remporte même l'Oscar du meilleur scénario pour Les clameurs se sont tues de Irving Rapper, en 1956. À partir de 1957, tout contribue à affaiblir le pouvoir de la liste noire.
La consécration (1960-1976)
Il sort officiellement de la liste noire en 1960, lorsque Kirk Douglas pour Spartacus, demande que Dalton Trumbo soit crédité sous son vrai nom au générique.http://deadline.com/2015/11/kirk-douglas-speaks-out-trumbo-career-threatened-blacklist-1201629542/ Otto Preminger fait alors rétroactivement la même chose avec le film Exodus sorti la même année.
En 1971, il réalise son unique film, une adaptation de son roman Johnny s'en va-t-en guerre. Le film est montré au festival de Cannes et reçoit les louanges de Jean Renoir et Luis Buñuel. Il obtient le Grand prix du jury.
Il décède d'un infarctus du myocarde à l'âge de 70 ans, le {{Date}}.