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Campra, André (1660-1744)

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Biographie

Formation

Il est le fils de Jean-François Campra, un chirurgien violoniste originaire de Graglia dans le Piémont, et installé à Aix-en-Provence. C'est son père qui lui apprend les bases de la musique. Puis il reçoit, malgré son tempérament indépendant et colérique, sa formation musicale et religieuse (et bien sûr générale), de la part des enseignants de cette cathédrale, spécialement du maître de musique et compositeur Guillaume Poitevin, qui était à la fois maître des enfants de chœur constituant la maîtrise, et maître du chœur professionnel de la cathédrale Saint-Sauveur à Aix-en-Provence (les parties aiguës étaient chantées par les sopranos-garçons, les hommes adultes assurant les autres parties, de l'alto à la basse). La maîtrise de cette cathédrale d'Aix est à l'origine de la vocation de plusieurs musiciens, comme Laurent Belissen. Le cardinal Grimaldi accorde au jeune Campra la tonsure cléricale en 1672. Il devient prêtre le {{date}}{{,}}. On le considère comme très doué, alors que, selon la tradition, jusqu'à l'âge de 16 ans, il ne sait ni lire ni écrire. Prise au pied de la lettre, cette légende semble peu vraisemblable car un élève aussi rebelle n'aurait pas pu rester longtemps dans l'école et dans le chœur. Toujours dans la même veine, ce serait à l'occasion de sa dix-septième année que, subitement, il apprend la lecture, l'écriture et la musique, à tel point que cette même année, il compose son motet Deus noster refugium, qui lui donnera une certaine renommée. Son apprentissage tardif de la lecture et de l'écriture sont pourtant remis en cause par plusieurs auteurs, comme Louis Abel de Bonafous de Fontenay (1776) et, plus récemment, par Maurice Barthélemy (1995), selon qui « on ne gardait pas les enfants peu doués dans les maîtrises et si Campra a reçu la tonsure à l'âge où il a mué, c'est qu'il a [déjà] fait ses preuves. ». La composition de son motet signifierait plutôt qu'il avait terminé ses études et qu'il présentait son travail lui permettant de quitter la maîtrise et de commencer à voler de ses propres ailes.

En 1679, il fait un bref passage par Toulon et revient dans le chœur de Saint-Sauveur d'Aix. En 1681, il est surpris à enfreindre les règles qui sont imposées, aux enfants de la maîtrise aussi bien qu'aux choristes adultes. Le règlement interdit en effet « de faire ny d'adcister aux opérats qui se font dans la ville ». La ville compte alors trois, voire quatre salles de jeu de paume qui peuvent à l'occasion se transformer en salles de théâtre. On ne sait si Campra a assisté simplement à des représentations théâtrales ou s'il y a pris part, comme musicien ou acteur ; toujours est-il qu'il risque le renvoi pur et simple. Ses maîtres se montrent toutefois bienveillants et le conservent avec eux. Le {{date}}, il reçoit le bénéfice de la chapellenie du Saint-Esprit, où il ne demeure pas longtemps, partant pour Arles « jouir de maistre de musique ». Reçu au chapitre de Saint-Trophime le 22 août, il dirige les enfants de chœur de la cathédrale.

En 1683 il obtient le poste de maître de musique de la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse. En 1684 il participe au concours de musique organisé par les États de Languedoc à Montpellier à la suite de la mort soudaine du maître de musique Jean Granouilhet de La Sablière ; les États lui préfèrent finalement André Mallet, mais lui accordent un défraiement important et l'invitent à venir faire chanter à la session suivante de 1685 . De 1694 à 1700, il est maître de musique de Notre-Dame de Paris. Il produit donc d'abord de la musique sacrée et se fait une réputation par ses motets. {{clr}}

L'affaire de l'enrôlement

En 1690, alors que le vice-amiral de Tourville arme une flotte, Campra est réquisitionné pour s'engager à bord d'un vaisseau du roi et y servir en qualité de mousquetaire. Campra, ne désirant pas quitter son emploi de maître de musique à la cathédrale de Toulouse, refuse la demande, mais se voit contraint par un exempt de se rendre à Toulon pour y embarquer à bord du navire Le Sérieux. Ordre auquel Campra refuse à nouveau de se plier. Le recruteur du vice-amiral, le chevalier de Juliard, ordonne l'arrestation et la mise en détention du musicien. Il est écroué à Toulouse et ne doit sa libération qu'à une intervention de l'archevêque de Toulouse, Jean-Baptiste-Michel Colbert de Villacerf. Celui-ci réclame son musicien et l'élargissement de Campra est prononcé. Pourtant, quelques jours plus tard, le {{date}}, de Juliard ordonne sous trois jours le retour de Campra à Toulon. L'archevêque dépose alors une plainte auprès de Louis Phélypeaux de Pontchartrain, secrétaire d'État à la Marine. Un procès est organisé, au cours duquel de Juliard se défend en affirmant les raisons selon lesquelles Campra lui-même voulait se rendre à Toulon et en avait été empêché : « Campra, libertin, a rendu mère une jeune fille abusée ; il a déclaré à M. de Juliard qu'il lui fallait faire une campagne pour se soustraire au courroux des parents de sa victime, et a supplié cet officier de l'enrôler. Un homme, ami du chevalier, a entendu la confession de Campra et jure sur l'Évangile que l'enseigne dit vrai. » De Juliard avouera ultérieurement la fausseté de cette déclaration. Il mourra quelques mois plus tard, le {{date}}, à la bataille de Bevezier.

Départ de Toulouse et carrière parisienne

Malgré sa dette vis-à-vis de l'archevêque, ses relations avec le chapitre de Saint-Étienne de Toulouse se détériorent en raison de son penchant pour la boisson et sa réputation d'homme dépravé. C'est ainsi qu'en 1691, une délibération de ce même chapitre l'oblige à lui soumettre ses créations avant de les interpréter. Campra ne peut accepter l'affront et profite d'un congé de quatre mois, en 1694, pour être élu à l'unanimité maître de musique à Notre-Dame de Paris, exempté de l'épreuve d'admission, et publie, l'année suivante son premier livre de motets. Dès lors, il ne quittera plus Paris. Il commence en 1697 à se tourner vers le théâtre (avec L'Europe galante, opéra-ballet), et se voit bientôt obligé de renoncer à la charge qu'il exerce à Notre-Dame :

« Quand notre archevêque saura que Campra fait un opéra, Alors Campra décampera ! ». Ces petits vers, diffusés dans Paris à l'époque, montrent la réticence de l'Église à employer un compositeur attiré par la musique d'opéra, mais indique surtout que Campra ne pouvait pas compter que des amis. Tout le monde ne pouvait pas facilement accepter le fait qu'il ait voulu à son tour concilier la manière française (caractérisée par une certaine douceur selon les commentateurs de l'époque) et l'ardeur transalpine (plus concertante et solistique et donc éloignée de la polyphonie qui s'était progressivement développée dès l'époque médiévale en France et au-delà, d'abord à Notre-Dame précisément). Dans tous les genres musicaux, cette querelle esthétique divisa profondément les consciences en France. Les amateurs du « goût français » et du « goût italien » s'affrontèrent de manière durable.

Campra démissionna de son poste à la cathédrale de Paris le {{date}} et donna à l'Académie royale de musique (l'Opéra de Paris) son Hésione, qui obtiendra un vif succès.

Il est alors engagé par le prince de Conti en tant que maître de sa musique. À partir de 1715 (mort de Louis XIV), Campra, soutenu par le Régent Philippe d'Orléans, occupa des postes importants à l'Académie royale de musique. Il la dirigera à partir de 1732. Il obtint ensuite un des deux postes de sous-maître de la musique de la Chapelle royale (le maître, un ecclésiastique, n'avait pas de fonction musicale proprement dite).

Avec L'Europe galante, Campra s'affirme comme le vrai créateur de l'opéra-ballet, genre musical créé à l'origine par Pascal Collasse (dans le Ballet des saisons). À partir de 1720, on constate qu'en tant que compositeur, il se consacra essentiellement à la musique religieuse. Il continua tout de même à produire quelques partitions pour la scène.

Le 6 avril 1726, André Campra est « reçu pour frère servant d'armes » dans l'ordre royal, militaire et hospitalier de Saint-Lazare de Jérusalem, dont le Grand Maître est, depuis 1720, le fils du Régent, Louis d'Orléans. Il devenait en quelque sorte chevalier des arts et lettres, cet ordre ayant été profondément réformé par le roi Henri IV, au début du siècle précédent. Le 21 décembre 1722 et le 24 mars 1724, les compositeurs Jean-Baptiste Morin, créateur de la cantate française, puis Charles-Hubert Gervais, ami personnel du Régent Philippe d'Orléans, étaient eux-mêmes devenus membres de cet ordre{{,}}{{,}}.

Dans le domaine privé, on sait aussi que Campra fut mêlé à une affaire de libertinage. Déjà « fort vieux » (selon un texte de l'époque), il participa à une soirée impromptue, passée en compagnie de danseuses de l'opéra. L'affaire s'ébruita et tout Paris s'en amusa (ou s'en offusqua).

André Campra meurt à Versailles le {{Date}}, à l'âge de 83 ans. Selon son testament, il vivait alors dans la pauvreté et la maladie. Il lègue la plupart de ses biens à son domestique et à sa cuisinière.

Un collège et une rue d'Aix-en-Provence portent son nom. {{clr}}

Tragédiennes
CDDisponible
Publication
[France] : [distrib. EMI music France], P 2006
Date de publication
2006