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Leopardi, Giacomo (1798-1837)

Biographie

Fils aîné du comte {{lien}} et de la marquise Adélaïde Antici, Giacomo Leopardi est issu d'une famille noble de province. Son éducation est rigide et religieuse, sa santé très délicate (il est bossu) ; sa vie à Recanati est monotone. Le jeune Leopardi mène une vie solitaire dans la bibliothèque paternelle dont il dévore les ouvrages, tout en souhaitant constamment que la mort le délivre : « Je suis mûr pour la mort. »

Il est perçu dans le monde littéraire comme « poète du pessimisme », comme l'illustre le célèbre vers d'Alfred de Musset : « Sombre amant de la mort, pauvre Leopardi ». Ses ouvrages en prose traduisent également cet état d’âme : Petites Œuvres morales (Operette morali, 1826-1827), Les Cent Onze Pensées (Cento undici pensieri, posthume, 1845) et son énorme journal philosophique, le Zibaldone, paru de façon posthume en 1900.

Leopardi s'adonne à la philologie dès l'âge de quinze ans. À seize ans, il annote La Vie de Plotin par Porphyre de Tyr et écrit un essai sur Les erreurs populaires des anciens.

À vingt ans, il écrit Premier Amour à la suite d'une désillusion amoureuse. Sa disgrâce physique et sa pauvreté affectent sa vie.

Durant cette même période, il fait la connaissance de Pietro Giordani ; mais les espoirs déçus que cette amitié suscite précipitent sa rupture avec la foi religieuse. Giordani, moine émancipé, n'a pas perçu le besoin de Leopardi d'avoir un ami qui le sorte de sa solitude. Sa foi bascule, ses opinions philosophiques changent radicalement, ce qui l'oppose à son père, lui-même écrivain. La maison familiale, qu'il ne parvient pas à quitter, lui devient insupportable (« abborrito e inabitabile Recanati »).

Dans une lettre du {{date}}, Leopardi relate un rêve à Giordani : « Ces luttes de l'esprit et de l'âme, ce moment précis où la crise éclate dans toute son intensité et l'on s'aperçoit tout à coup que l'on vient de franchir la limite cruciale entre la foi et le doute… »

C'est une conception identique de la vie qui émerge, au même moment, chez le poète italien confiné dans sa petite ville et chez le philosophe allemand Schopenhauer. Ces deux hommes ne se sont jamais rencontrés ni écrit, et Leopardi n'a pas lu le livre de Schopenhauer Le monde comme volonté et comme représentation. Leopardi résume sa philosophie du pessimisme dans le concept d' infelicità. Leopardi n'écrit pas pour propager ses idées ; il chante en poète son mal de vivre et en tire une vision de la condition humaine. Il ne veut pas adhérer à l'école des lyriques et des désespérés qui l'ont réclamé pour leur frère. Il ne veut pas du désespoir intellectuel et garde sa liberté de pensée.

Il voyage beaucoup mais ses ressources financières sont faibles. Au mois d'{{Date}}, sur les instances de quelques amis, il quitte Recanati pour Rome. Il rencontre des amis — Barthold Georg Niebuhr, ministre de Prusse à la cour pontificale, Alessandro Manzoni, le baron Christian Cari Josias Bunsen (1791-1860), diplomate, archéologue et historien, successeur de Niebuhr comme ministre de Prusse, Johann Gothard Reinhold (1771-1838), ministre de Hollande, bibliothécaire d'Angelo Mai — et se fait des ennemis — le bibliothécaire Guglielmo Manzi. Il ne trouve pas de situation stable, refuse d'entrer en prélature et ne se résout pas à un emprunt qui aurait amélioré sa condition. Il ne demande rien à son père qui ne lui propose aucune aide financière. Tout juste Leopardi opte-t-il pour du travail d'édition et se voit-il chargé de dresser le catalogue des manuscrits grecs de la bibliothèque Barberine. Les quelques voyages hors de la maison familiale seront brefs, à Bologne, Pise ou Florence. Ses lectures sont impressionnantes, tant par l'étendue et la variété que par sa capacité de pénétration.

Son nationalisme apparaît dans ses poèmes À l’Italie, Sur le monument de Dante (1818) ou À Angelo Mai (1822). Il est fasciné par la gloire passée de l'Italie mais, après Dante, Le Tasse et Alfieri, ne lui voit plus aucun avenir et condamne la France pour avoir envoyé à la mort les légions italiennes durant la campagne de Russie. Dante a préféré l'enfer à la Terre, et Leopardi lui-même, dans le poème Paralipomènes de la Batrachomyomachia, décrit de façon sarcastique sa propre descente aux enfers.

Brutus le Jeune (1821) est une illustration du pessimisme de Leopardi ; Brutus était le dernier des anciens sages et il ne reste après lui aucune noble espérance. Leopardi s’oppose aux romantiques dans son Discours sur la poésie romantique (1818) et découvre un an plus tard la philosophie sensualiste du Siècle des Lumières qui influencera considérablement son œuvre. Il chante le néant de l’homme face à la nature avec Le Genêt ou la Fleur du désert, et son désespoir dans La Vie solitaire (1821), L'Infini (1819) et À Sylvie (1828) .