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Bernhard, Thomas (1931-1989)

Biographie

L'enfance de Thomas Bernhard est marquée par de multiples déménagements et par une maladie pulmonaire dont il souffrira jusqu'à sa mort. Au cours de sa vie, l'écrivain a plusieurs fois « pris la direction opposée », prenant le contre-pied de ce qu'on attendait de lui ou se mettant à détester ses goûts et ses relations antérieures. Pur autrichien, Thomas Bernhard n'a jamais eu de mots trop durs envers son pays, tout en enracinant une partie de sa vie dans la campagne autrichienne la plus profonde.

Thomas Bernhard nait à Heerlen aux Pays-Bas. Sa mère revient à Vienne en 1932, et le confie d'abord à ses grands-parents. Elle se marie en 1936.

Thomas Bernhard passe ses premières années à Seekirchen, dans la campagne près de Salzbourg. L'influence de son grand-père, l'écrivain Johannes Freumbichler, récompensé en 1937 par le prix d'État pour la littérature pour son roman Philomena Ellenhub, le marquera toute sa vie. Ce sont des années heureuses.

En 1938, il part vivre en Bavière avec sa mère, mais garde la nostalgie de Seerkirchen. Ses résultats scolaires deviennent catastrophiques, il vit l'école comme un cauchemar. Ses grands-parents s'installent dans la région en 1939. En 1942, il fait un séjour dans un centre d'éducation national-socialiste pour enfants en Thuringe, où il est maltraité et humilié. Il est placé dans un internat nazi à Salzbourg en 1943, revient en Bavière, en 1944, à cause des bombardements alliés, et retourne au même internat salzbourgeois en 1945. Il raconte dans L'Origine comment l'éducation y est la même que sous le nazisme.

En 1947, Thomas Bernhard arrête ses études au lycée. Il décide « de prendre la direction opposée » et commence un apprentissage dans une épicerie. Au début de 1949, atteint d'une grave pleurésie purulente, il est envoyé à l'hôpital, son état est si désespéré que les médecins le considèrent condamné. Son grand-père meurt brusquement en 1949, sa mère l'année suivante, il apprend ces deux décès par hasard dans le journal. Il ne quitte l'hôpital qu'en 1951, mais reste malade.

La période 1949-1952 marque un tournant dans la vie de Bernhard. Il profite de ses séjours hospitaliers pour écrire de la poésie. Il tente aussi de devenir chanteur professionnel. En 1950, il rencontre au sanatorium Hedwig Stavianicek, de 35 ans son aînée, qui devient sa compagne et amie, son être vital, dont il partage désormais la tombe. Hedwig Stavianicek est, jusqu'à sa mort en 1984, son soutien moral et financier. Elle est la première lectrice de ses manuscrits et sans doute la seule se permettant une vive critique du travail de Bernhard.

De 1952 à 1954, Bernhard travaille comme collaborateur indépendant au journal Demokratisches Volksblatt, y écrivant surtout des chroniques judiciaires et culturelles. Il y publie ses premiers poèmes. Parallèlement, il étudie au Conservatoire de musique et d'art dramatique de Vienne ainsi qu'au Mozarteum de Salzbourg. Il se lie à la société intellectuelle de Vienne, dont il fera plus tard un portrait féroce dans Des arbres à abattre.

Jusqu'en 1961, il écrit essentiellement de la poésie. Il publie, en 1963, son premier roman, Gel. Il rencontre en 1964 l'éditeur Siegfried Unseld, qui dirige les éditions Suhrkamp, où la quasi-totalité des textes de Bernhard (à l'exception notable des cinq volumes autobiographiques) seront publiés.

En 1965, il achète, grâce en partie au succès de Gel, une ferme à Ohlsdorf en Haute-Autriche qu'il s'attache à remettre en état. Il fait l'acquisition de deux autres maisons dans la même région en 1971 et 1972.

Jusque dans les années 1980, il partage son temps entre Ohlsdorf, Vienne, et des voyages - avec une prédilection pour les pays méditerranéens (Italie, Espagne, Portugal, Yougoslavie, Turquie).

La première grande pièce de Bernhard, Une fête pour Boris, est créée à Hambourg en 1970.

En 1971, le film L'Italien, dont le scénario est de Bernhard, est tourné au château de Wolfsegg. Ce château est le décor de son grand roman Extinction, publié en 1986.

Opéré des poumons en 1967, il séjourne de nouveau à l'hôpital en 1978, et apprend que son état est incurable.

Bernhard est toute sa vie un personnage exigeant, presque maniaque. Il demande à son entourage des soins constants et, s'il est un bon vivant et d'une compagnie cordiale quand il se sent en sécurité, il suffit d'un mot pour qu'il se ferme complètement et définitivement. En 1988 la création de sa pièce La place des héros au Burgtheater de Vienne, "repaire du mensonge" comme il le dit dans sa pièce, déchaîne, dans son pays, huées, insultes, boycott et même jets de pierres de la part des nationalistes. La pièce représentée 100 fois reçoit pourtant un grand succès. Elle sera montée plus tard à la Comédie-Française.

Thomas Bernhard meurt des suites de sa maladie pulmonaire en février 1989. Dans son testament il demande que rien de son travail ne soit représenté ou publié en Autriche durant la durée légale.

Le naufragé
LivresDisponible
Publication
[Paris] : Gallimard, 1993
Date de publication
1993