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Bergier, Jacques (1912-1978)

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Biographie

Fils de Mikhail Berger et Etlia Krzeminiecka, russo-polonaise originaire de Kremenets et cousin d'un physicien nucléaire, George Gamow et d'un certain Anatoly, membre du commando qui assassina le tsar Nicholas II. Son père, collectionneur d'affiches de la révolution bolchevique, le gifla enfant pour avoir voulu absolument mesurer avec un mètre de couturière la hauteur de la séance de lévitation de son grand-oncle maternel, Rabbi Jacob Krzemienieckaïa, rabin en ex-Union des républiques socialistes soviétiques. Sa « tante Quel-Malheur » ponctuait chacune de ses phrases de l’expression incongrue « quel malheur quel malheur ».

Il était connu dans le fandom SF des années 1950 pour être « Un Être dépourvu de nombril, car natif de la planète Mars », comme il aimait alors à redire en petits comités. Il maîtrisait 14 langues modernes et anciennes, dont l'araméen… mais avouait ne pouvoir retenir le finnois.{{Référence nécessaire}} Sur sa carte de visite, il se présentait comme « Amateur d'insolite et scribe des miracles ».{{Référence nécessaire}} Dans un entretien transmis par la RTS en 1978, Bergier dit que son Q.I. était de 160.

L'ingénieur chimiste

Le site de Peenemünde, base des fusées V1 et V2 Libération de Mauthausen

Après des études secondaires au lycée Saint-Louis, il poursuit ses études à la Faculté des sciences de Paris et à l'École nationale supérieure de chimie de Paris. Ingénieur chimiste, licencié ès sciences, il se consacre alors à la recherche scientifique, notamment à la chimie nucléaire. En 1936, il découvre, avec le physicien atomiste André Helbronner, l’utilisation de l'eau lourde pour le freinage des neutrons et réalise la première synthèse d’un élément radioactif naturel, le polonium, à partir de bismuth et d'hydrogène lourd en volatilisant un filament de tungstène. Ses autres collaborateurs scientifiques avant-guerre sont essentiellement Vladimir Gavreau ou encore le futur résistant Alfred Eskenazi (qui fournira à Lucie Aubrac, de la part du réseau Marco Polo, les papiers allemands pour entrer dans l'Hôpital de l'Antiquaille afin de délivrer -entre autres- Serge Ravanel). Très vite, il développe un penchant pour l'alchimie (renforcé par une rencontre supposée avec Fulcanelli en juin 1937), et affirme au début des années 1950 avoir obtenu par transmutation alchimique du béryllium à partir de sodium.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est résistant à Lyon au sein du trio des ingénieurs, puis du réseau Marco Polo, mieux structuré, à compter de décembre 1942 (faisant à cette occasion la connaissance de son futur grand ami François Le Lionnais - membre d'un autre groupe - en 1941, en compagnie duquel il deviendra plus tard pataphysicien). Grâce à des renseignements fournis par un ingénieur russe travaillant sur place et transmis à Londres, son réseau est ainsi à l'origine du bombardement de la base d'expérimentation de fusées V2 de Peenemünde. Le lieutenant Pecquet de la branche Nord du réseau signale quant à lui les sites de V1 implantés dans la Somme aux britanniques. Le 18 août 1943 a lieu l'Opération Hydra: 598 bombardiers lourds (Avro Lancaster, Handley Page Halifax et Short Stirling) dirigés par le Wing Commander John H. Searby frappent Peenemünde. Le Ministère de l'Air centralise ensuite les renseignements de divers réseaux français dont Marco-Polo, et l'Air Chief Marshall Sir Roderic Hill, commandant de la défense aérienne de Grande-Bretagne à compter du 15 novembre 1943 et commandant en chef du "Fighter Command " de la RAF, procède le 5 décembre 1943 aux premiers bombardements de 21 sites de V1 sur le sol français, en détruisant 12 entièrement et 9 partiellement grâce au {{8e}} Air Force. Bergier est alors - entre autres - chargé de gérer les rares postes émetteurs de Marco-Polo sur Lyon. Il y est arrêté le 23 novembre 1943 par la Gestapo, et soumis à la torture à 44 reprises. Il est enfermé dans les camps nazis de mars 1944 à février 1945, d'abord au camp de Neue Bremm, puis à celui de Mauthausen-Gusen. Son passé de résistant lui permet ultérieurement quelques prises de contact directes avec Charles de Gaulle, malgré son aversion pour le personnage à compter de son retour aux affaires.

L'agent secret

Après la guerre, il aurait été capitaine de la DGER (Direction générale des études et recherches), au sein de laquelle il aurait dirigé la branche française du CIOS (Centre interarmée de contre-espionnage alliés). Il participe ainsi durant la {{2e}} moitié de 1945 à la MIST (Mission d'information scientifique et technique), dirigée par le capitaine Albert Mirlesse (ingénieur en mécanique, père fondateur du Normandie-Niemen) chef du {{2e}} bureau de l'État-Major Général de l'Air -EMGA-, et rattachée au CIOS, pour des missions secrètes en Allemagne afin d'interroger des savants atomistes, et de trouver des armes secrètes dérivées de l'eau lourde. La MIST ramène ainsi de Forêt Noire le {{Dr}} Berthold, aérodynamicien directeur technique de la société d’ailes volantes Horten, jusqu’à Châtillon-sous-Bagneux (où travaille Bergier avant et {{Référence nécessaire}} guerre), et capture en Bavière le {{Pr}} Willy Messerschmitt, faisant main basse sur un V1 complet, des éléments de V2, divers missiles prototypes, et sur les plans du chasseur à réaction Me 262. Bergier fait également partie alors des services britanniques de contre-espionnage, au même titre que son ami George Langelaan.

L'écrivain

Ses déplacements l'amènent à fréquenter plusieurs écrivains. Il fut ainsi l'ami intime de Jean Bruce (créateur dOSS 117), de Victor Alexandrov, et de bien d'autres auteurs parmi lesquels Arthur C. Clarke, spécialiste en ondes radar pour l'armée anglaise durant la guerre, qu'il rencontre vers 1941, et Ian Fleming, rencontré une première fois à Lisbonne fin 1942 lors de ses activités au sein du « trio des ingénieurs ». Bergier affirma à plusieurs reprises lui avoir fourni l'idée du personnage de James Bond. En 1956, il entame une collaboration avec Robert Amadou, une autre de ses relations suivies, pour sa revue La Tour Saint-Jacques. Stèle sur le monument familial avec l'inscription « je suis providence ». Après la mort de son compagnon de résistance Guivante (Paul Guivante dit) de Saint-Gast le 6 mars 1952 (membre -dirigeant- de Marco-Polo, tout comme son cousin germain député, ministre des finances puis du commerce et de l'industrie Henri Ulver, de 1951 à 1956), Bergier décide de délaisser ses activités d'ingénieur-conseil « chasseur de tête » scientifique et de recherches en synthèse d'ersatz de carburants pour le tiers-monde au sein de la société "Recherches et Industrie", créée avec son ami de lycée -rencontré dès leur arrivée parisienne comme immigrés- Albert Mirlesse, et Saint-Gast, pour se lancer désormais dans l'écriture. Il est ainsi le premier à traduire en français Lovecraft, pour lequel il a une immense admiration et dont il dit avoir été le « correspondant » avant-guerre par le truchement de la revue Weird Tales.

En 1953, il soumet à l'éditeur Robert Laffont un projet de collection française de science-fiction qu'il dirigerait conjointement avec le mathématicien François Le Lionnais, mais la collection ne voit pas le jour. En septembre 1957, il classe en vingt thèmes majeurs la trame des romans policiers, avec Fereydoun Hoveyda, ami rencontré en 1953 au secrétariat de l'UNESCO… et futur ambassadeur d’Iran auprès des Nations unies de 1971 à 1979. Rentré au mensuel Constellation d'André Labarthe également en 1957, il écrit de nombreux ouvrages sur l'espionnage, et publie aussi chez Gallimard en 1960 le livre Le Matin des magiciens en collaboration avec Louis Pauwels qu'il a connu en 1954 (suivi de L'Homme éternel dix ans plus tard), qui constitue le manifeste du mouvement réaliste fantastique.

De 1954 à 1960, il déjeune très régulièrement dans le petit café-restaurant des frères Dupont, tout proche de la Bibliothèque nationale de France, dont le cadet, André (dit "Aguigui", ou encore "Mouna"), clochardisé déjà à l’époque, se présenta en 1993 face à Jean Tiberi pour la députation de la ville de Paris dans le {{5e}} arrondissement (722 voix recueillies), à l’âge fort respectable de 82 ans.

La mise en forme de cet ouvrage nécessita cinq années, sur la base d'une volumineuse documentation, qui sera inventoriée en 2007 à la Bibliothèque nationale de France dans le Fonds Pauwels. L'idée initiale germa dans l'esprit de Bergier alors qu'il était alité à l'infirmerie de Gusen, camp double de Mauthausen. Bien que très critique face aux arts divinatoires en général (et à l'astrologie en particulier), Bergier fait la part belle dans ce livre à des thèmes ésotériques, aux civilisations disparues et aux religions occultes.

En 1961, toujours avec Louis Pauwels (et François Richaudeau), il crée la revue Planète, à laquelle participeront ses grands amis Aimé Michel (connu dès 1953, avec lequel il imagine le concept de l'orthoténie… sur le coin d'une nappe de restaurant), Charles-Noël Martin, Rémy Chauvin et George Langelaan. Ces travaux sont un mélange entre des éléments réellement scientifiques, des éléments qui relèvent plutôt de la science-fiction, et d'autres de l'occultisme. Le courant issu du Matin des Magiciens relève de la pseudo-science.

Avec son vieux complice Georges H. Gallet, lui aussi grand collectionneur de pulps, il co-dirige plusieurs collections chez Albin Michel de 1970 à 1975, dont la collection Science-fiction de l'éditeur. Le {{1er}} avril 1974, Bernard Pivot crut pouvoir le tromper lors de l’émission Apostrophes, en évoquant sur le plateau la participation des extraterrestres à la construction de la Ligne Maginot. Bergier est également co-directeur de la collection Les Classiques de la S-F du Club du livre d'anticipation (CLA) aux éditions Opta avec Michel Demuth, de 1968 à 1970. Sa mémoire eidétique lui permettait une capacité de lecture surprenante, atteignant parfois dix livres par jour, au mieux de sa forme physique jusqu'au début des années 1970{{Référence nécessaire}}. Elle lui permit aussi d'assurer de 1977 à 1978 le rôle de L'Incollable dans l'émission-jeu télévisée de RTL TV du même nom présentée par l'animateur Fabrice. Il répondait de la sorte aux questions de Maître Jacques Chaussard, lorsque les trois célébrités francophones invitées faisaient des erreurs. Bergier avoua lui-même présenter « de grandes lacunes » mais « uniquement en sport et en politique locale ». À son décès, l'émission se maintint encore durant quelques semaines, désormais simplement avec des colles sur la vie quotidienne.{{Référence nécessaire}} Dans Admirations (réédité en 2000 aux éd. Œil du Sphinx), il rend hommage à John Buchan, Abraham Merritt, Robert E. Howard, Tolkien, etc.

Le Matin des magiciens
LivresDisponible
Publication
Paris : Editions Gallimard, 1960
Date de publication
1960