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Salinger, Jerome David (1919-2010)

Biographie

Jerome David Salinger est le fils d’un père juif et d’une mère catholique irlandaise (bien qu’il ait cru, jusqu’à la fin de son adolescence, que sa mère était également juive). Son père, Sol, importait de la viande. Adolescent, J. D. Salinger, alors connu sous le sobriquet de Jerry, part en voyage en Pologne pour observer l’entreprise familiale d’origine. Son dégoût le conduit à un éloignement de son père, à qui, une fois adulte, il ne s’adresse plus guère.

Il fréquente l’{{Lien}} en Pennsylvanie, qui lui servira de modèle pour le collège Pencey Prep dans L'Attrape-cœurs. Pendant ses années à l’{{lien}} de {{Lien}}, Pennsylvanie, un de ses professeurs dit de Salinger qu’il est « le pire étudiant d’anglais dans l’histoire du collège ». Après avoir échoué à ses examens dans différentes écoles, Salinger suit des cours d’écriture à l’université Columbia en 1939. Son professeur, Whit Burnett, est l’éditeur de Story Magazine, et rapidement, il discerne un certain talent chez le jeune auteur. Dans le numéro de mars-{{date}} de {{lang}}, Burnett publie la première nouvelle de Salinger, {{lang}}, dont le thème est la vie de plusieurs jeunes adultes égoïstes et sans but. Burnett et Salinger continuent à correspondre pendant plusieurs années, jusqu’à ce qu’un différend les oppose à propos d’un projet de recueil de nouvelles également nommé {{lang}}.

J. D. Salinger sert dans l’armée durant la Seconde Guerre mondiale de 1942 à 1945 où il participe avec la 4{{e}} division d’infanterie américaine à des combats extrêmement violents. Cette expérience l’a sans doute affecté émotionnellement : il est parmi les premiers soldats à pénétrer dans les camps de concentration libérés et il est hospitalisé en 1945 pour soigner un stress post-traumatique. Elle est probablement à l’origine de certains de ses écrits, comme Pour Esmé, avec amour et abjection où le narrateur est un soldat traumatisé. Il continue à publier ses nouvelles dans des magazines tels que Collier's et le {{lang}} pendant et après son engagement militaire.

À partir de 1948, il commence véritablement à se faire connaître avec la publication de nouvelles, telles que Oncle déglingué au Connecticut, dans le journal {{lang}} dont il devient rapidement l’un des auteurs les plus connus. Un jour rêvé pour le poisson-banane (titre original : {{lang}}) est reconnu par la critique et est l’une des nouvelles les plus populaires que ce journal ait jamais publiées.

En fait, il ne s'agit pas de sa première collaboration avec le New Yorker, puisqu'une de ses nouvelles a déjà été acceptée en 1942 par le journal. Il s’agissait d’une histoire intitulée Slight Rebellion off Madison, dans laquelle apparaît un personnage mi-autobiographique nommé Holden Caulfield. À cause de la guerre, la nouvelle n'est toutefois pas publiée avant 1946. Son histoire fait référence à des nouvelles antérieures concernant la famille Caulfield. Le focus sur les personnages est finalement passé du grand frère Vincent à Holden.

La signature de J. D. Salinger Salinger confie à plusieurs personnes qu’il sent que Holden mérite un roman, et L'Attrape-Cœurs (titre original : {{lang}}) est publié en 1951. C’est un succès immédiat, même si les premières critiques sont partagées. Bien que Salinger ne l'ait jamais confirmé, plusieurs éléments du livre semblent autobiographiques. Le roman est dominé par le caractère nuancé et complexe de Holden Caulfield, un jeune homme de seize ans qui cherche vainement à communiquer avec les êtres rencontrés dans la grande ville. Le roman montre l’expérience de cet adolescent en pleine crise.

Le livre devient célèbre grâce aux descriptions, au sens du détail, à la vision subtilement complexe de Salinger ; il est apprécié également pour son humour ironique et pour son atmosphère déprimante et désespérée de New York. Le livre est toujours beaucoup lu actuellement, particulièrement aux États-Unis où il est largement étudié dans les écoles ; il est considéré comme une référence pour sa description de la colère et du désarroi propres à l’adolescence. Le roman a cependant été souvent contesté aux États-Unis en raison de l’utilisation d’un langage cru et offensant ; « sacré bon dieu ({{lang}}) » apparaît pratiquement à chaque page.

En 1953, Salinger réunit en un recueil sept nouvelles déjà publiées dans le {{lang}} (dont le poisson-banane), ainsi que deux autres qui avaient été refusées. Ce recueil est intitulé {{lang}} aux États-Unis, Pour Esme, avec amour et abjection (d’après une de ses histoires les plus appréciées) au Royaume-Uni. Il sera plus tard traduit en français (par Jean-Baptiste Rossi) et publié sous le titre de Nouvelles. Le livre est un succès, bien que Salinger commence à contrôler étroitement la publicité accordée au livre et l’illustration de la jaquette.

Salinger publie ensuite Franny et Zooey (titre original : {{lang}}) en 1961 et Dressez haut la poutre maîtresse, charpentiers (titre original : {{lang}}) en 1963. Tous deux sont des recueils de nouvelles publiées à l’origine dans le {{lang}}.

J. D. Salinger meurt le {{date}} à l’âge de {{nombre}}, à son domicile du New Hampshire.

Isolement

Avec la notoriété apportée par L'Attrape-Cœurs, Salinger commence à se renfermer sur lui-même. En 1953, il quitte New York pour Cornish, dans le New Hampshire. Lors de son arrivée à Cornish, il est encore très sociable, particulièrement avec les lycéens, qui le considèrent comme l’un des leurs. Mais un entretien qu’il avait donné pour le journal du lycée est en fait publié dans le journal local ; dès lors Salinger évite totalement les lycéens, sort de moins en moins en ville, ne voyant régulièrement que son ami proche, {{lang}}, juriste. D’après son biographe {{Lien}}, Salinger s’est senti trahi. Sa dernière publication, Hapworth 16, 1924, une nouvelle épistolaire, paraît dans le {{lang}} en juin 1965. Il semblerait qu’il était sur le point de publier d’autres écrits dans les années 1970 mais qu’il se ravisa au dernier moment. En 1978, {{lang}} rapporte que lors d’un banquet donné en l’honneur de l’un de ses amis de l’armée, Salinger déclare avoir récemment terminé un {{citation}}, mais rien ne fut jamais publié.

Salinger essaie d’échapper au maximum à l’exposition et à l’attention publique ({{citation}}, écrit-il). Mais il lutte constamment avec l'attention que la figure mythique qu’il est devenu attire. Lorsqu’il apprend que l’auteur anglais {{Lien}} a l’intention de publier sa biographie en incluant des lettres que Salinger avait écrites à d’autres auteurs ou à des amis, Salinger attaque Hamilton en justice pour empêcher la publication. Le livre finit par paraître avec le contenu des lettres paraphrasées ; la cour a statué que même si quelqu’un possède physiquement une lettre, son contenu appartient toujours à l’auteur.

Effet involontaire du procès, de nombreux détails sur la vie privée de Salinger, notamment le fait qu’il aurait écrit deux romans et de nombreuses nouvelles sans jamais les publier, sont rendus publics dans les retranscriptions des auditions.

Pendant les années quarante, il se passionne pour le bouddhisme zen au point d'organiser une rencontre avec Daisetz Teitaro Suzuki (Suzuki Daisetsu 鈴木大拙) un des introducteurs du bouddhisme et du zen en occident. Cet intérêt transparaît implicitement et explicitement dans Zooey paru en 1957 dans le {{lang}}.

Il a longtemps été disciple de l’hindouisme Advaita Vedānta, comme l’a raconté en détail Som P. Ranchan dans son livre {{lang}} (1990). Sa fille a rapporté qu’il a, à un moment, suivi la scientologie.

Salinger surprend tout le monde en donnant la permission à Orchises Press, un petit éditeur, de publier Hapworth 16, 1924, sa dernière nouvelle publiée à ce jour (dans le {{lang}} en juin 1965), mais jamais encore éditée. Sa publication est d’abord prévue pour 1997 et apparaît dans les catalogues des libraires, mais cette date est repoussée plusieurs fois ; en 2011, le livre avait été retiré complètement des catalogues d’Amazon.

Une seule fois, Salinger accorde l'autorisation de porter une de ses œuvres à l'écran, pour sa nouvelle Uncle Wiggily in Connecticut (Oncle déglingué au Connecticut), adaptée sous le titre My Foolish Heart, par Mark Robson. Ayant détesté le résultat, Salinger refuse ensuite de céder ses droits, malgré plusieurs tentatives de la part de nombreux studios pour adapter L'Attrape-cœurs à l’écran. Anecdotiquement, dans Shining de Stanley Kubrick, Shelley Duvall - qui interprète l'épouse du personnage joué par Jack Nicholson - apparaît lors de sa première scène en lisant L'Attrape-cœurs, détail sans doute destiné à indiquer que le couple appartient au milieu intellectuel (Jack Torrence a été professeur et rêve d'être écrivain).