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Illich, Ivan (1926-2002)

Biographie

Son père, Piero, vient d'une famille possédant des terres (vignes et oliviers) en Dalmatie, près de la ville de Split en Croatie. Sa mère, Ellen, descend d'une famille juive allemande convertie.

Son grand-père maternel, Fritz Regenstrief, a fait fortune dans la vente de bois en Bosnie-Herzégovine et construit une villa art nouveau aux alentours de Vienne (Autriche).

Pendant les années 1930, la xénophobie et l'antisémitisme montent en Yougoslavie. Le gouvernement poursuit Fritz Regenstrief à la Cour permanente internationale de justice de la Haye. En 1932, Ellen quitte Split et part se réfugier dans la villa de son père à Vienne avec ses trois enfants. Ils ne reverront plus Piero qui meurt pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1942, Ellen quitte l'Autriche : en vertu des lois antisémites, les nazis ont saisi la villa familiale.

Ivan Illich poursuit son éducation à Florence, où il participe à la résistance italienne. Après la guerre, il étudie la cristallographie, la théologie et la philosophie à l'université grégorienne de Rome. Le Vatican le destine à la diplomatie, mais il choisit de se tourner vers la prêtrise. Il dira sa première messe dans les catacombes dans lesquelles les chrétiens romains fuyaient les persécutions.

Venant d'une famille aristocratique ayant d'anciens liens avec l'Église catholique, il était destiné à devenir un prince de l'Église. Giovanni Montini, qui devint plus tard le pape Paul VI, fut parmi ceux qui le poussèrent à rester à Rome.

Mais en 1951, il part aux États-Unis avec l'idée d'étudier les travaux d'alchimie d'Albertus Magnus à Princeton. Intrigué par les Portoricains et leur profonde foi catholique, il demande à Francis Spellman, archevêque de New York, un poste dans une paroisse portoricaine de New York.

En 1956, il est nommé vice-recteur de l'université catholique de Porto Rico, où il met sur pied un centre de formation destiné à former les prêtres à la culture latino-américaine. Deux choses le frappent à l'université : d'une part la surprenante similarité entre l'église et l'école, d'autre part l'étrange différence entre les buts avoués de l'éducation et ses résultats. Cette dernière prétend réduire les inégalités sociales, mais contribue à les accentuer en concentrant les privilèges dans les mains de ceux ayant le bagage suffisant. Cette réflexion aboutira en 1971 à Deschooling Society, traduit en français sous le titre Une société sans école.

Il quitte Porto Rico en 1960 à la suite d'un différend avec la hiérarchie de l'Église, représentée par deux évêques qui, participant à la vie politique, s'opposent à tout candidat qui voudrait légaliser les préservatifs. Pour Illich, entre la bombe atomique et les préservatifs, l'Église se trompe de cible.

En 1961, il fonde le Centre pour la formation interculturelle à Cuernavaca qui deviendra le fameux Centro Intercultural de Documentación (CIDOC). Ce centre fonctionnera de 1966 à 1976. Après sa fermeture, Illich reviendra vivre en Europe et il enseignera notamment l’histoire du haut Moyen Âge à Brême, en Allemagne.

Il décède en 2002 des suites d'une tumeur qu'il a volontairement choisi d'assumer jusqu'au bout sans vouloir l'opérer, considérant que les cancers étaient un exemple de maladie traitée de manière contre-productive (le patient meurt de guérir) par la médecine, et à laquelle il aura survécu vingt ans.

Une société sans école
LivresNon disponible
Publication
Paris : Points, DL 2015
Date de publication
2015