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Bonnefoy, Yves (1923-....)

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Biographie

Jeunesse

Les parents d'Yves Bonnefoy, Élie Bonnefoy et Hélène Maury, originaires du Lot et de l’Aveyron, étaient venus après leur mariage s'installer à Tours, l'un comme ouvrier monteur aux ateliers des chemins de fer, l'autre comme institutrice. Un premier enfant était né en 1914, Suzanne. La famille habita rue Galpin-Thiou une maison aujourd’hui détruite par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, puis s'installa rue Lobin, deux ans avant la mort d'Élie Bonnefoy en 1936. L’été avaient lieu chaque année les voyages, évoqués dans L'Arrière-Pays, chez les grands-parents à Toirac, dans le Lot, où s'était retiré Auguste Maury, le grand-père instituteur. C'est dans cet essai qu'Yves Bonnefoy a aussi évoqué la première irruption du sentiment d'exil et du néant qui brisa l'état initial de plénitude de l'adolescence : {{Citation bloc}}

Yves Bonnefoy a passé les baccalauréats de mathématiques et de philosophie au lycée Descartes de Tours, où il fit la lecture, déterminante, de la Petite Anthologie du surréalisme de Georges Hugnet, prêtée par le professeur de philosophie. Il a fait des études de mathématiques, d'histoire des sciences et de philosophie dans les classes préparatoires du lycée Descartes, puis à l'université de Poitiers, et à la Sorbonne, lorsqu'il décida en 1943 de s'installer à Paris et de se consacrer à la poésie.

Avec les surréalistes

De 1945 à 1947, il fut proche des surréalistes et lié, parmi eux, avec Édouard Jaguer, Jaroslav Serpan, Yves Battistini, Jean Brun. Puis avec les poètes Gilbert Lely, Christian Dotremont et le peintre Raoul Ubac. Il créa en 1946 une revue, La Révolution la Nuit, dans laquelle il publia un fragment de son long poème encore surréaliste, Le Cœur-espace.

En 1947, Yves Bonnefoy refuse de signer le manifeste surréaliste Rupture inaugurale, prenant ainsi ses distances avec le mouvement. Le poète reproche à l'image surréaliste de faire advenir une "mauvaise présence" en substituant à la réalité une surréalité.

De 1949 à 1953, voyages d'études, grâce à des bourses : en Italie, aux Pays-Bas, en Angleterre. Son diplôme d’études supérieures (aujourd’hui détruit), sous la direction de Jean Wahl, porta sur Baudelaire et Kierkegaard ; puis il fut pendant trois années attaché de recherches au CNRS pour une étude de la méthodologie critique aux États-Unis.

Des amitiés se nouent ou se noueront, au-delà de la première influence surréaliste, avec Paul Celan, Georges Henein, André du Bouchet, Philippe Jaccottet, Jacques Dupin, André Frénaud, Alberto Giacometti, Pierre Klossowski, Balthus, Paul de Man, Boris de Schloezer, Gaëtan Picon, Claude Esteban, Pierre-Albert Jourdan, Salah Stétié et Jean Starobinski.

Le tournant poétique

Yves Bonnefoy publie en 1953, au Mercure de France qui restera son éditeur, son premier recueil de poèmes Du mouvement et de l'immobilité de Douve.

En 1955, il réalise avec le scénariste Roger Livet un film en {{unité}} de 17 min, Royaumes de ce monde, sur le sens de l'Annonciation en peinture, qui reçut le Grand prix des premières Journées Internationales du court-métrage, fondées à Tours.

Les trois volumes de poèmes des années suivantes, Hier régnant désert (1958), Pierre écrite (1965), Dans le leurre du seuil (1975), ont été rassemblés, avec Du mouvement et de l'immobilité de Douve, dans un livre intitulé Poèmes en 1978. Puis ce seront Ce qui fut sans lumière en 1987, Début et fin de la neige en 1991, La Vie errante en 1993, Les Planches courbes en 2001 (inscrit au programme du baccalauréat littéraire en 2006 et 2007), La Longue Chaîne de l’ancre en 2008, Raturer outre en 2010.

Après L’Arrière-pays, de 1972, qui est un récit autobiographique dont le fil directeur est la tension entre la séduction exercée par le désir d’un ailleurs, suggéré par les œuvres de la peinture et le retour à l’ici et à la finitude, Yves Bonnefoy écrira aussi des poèmes en prose, avec Rue Traversière (1977), qui inaugure les rassemblements ultérieurs de Récits en rêve.

Les travaux critiques

Les travaux historiques et critiques commencèrent à partir de 1954, avec une monographie consacrée aux Peintures murales de la France gothique. Ils se développèrent beaucoup par la suite avec notamment les ouvrages intitulés L'Improbable, 1959 ; Rimbaud par lui-même, 1961 ; Un rêve fait à Mantoue, 1967 ; Rome, 1630, 1970 ; Le Nuage rouge, 1977 ; La Vérité de parole, 1988 ; Entretiens sur la poésie (1972-1990), 1990 ; Giacometti, biographie d'une œuvre, 1991 ; Remarques sur le dessin ; Dessin, couleur et lumière, 1995 ; Théâtre et poésie. Shakespeare et Yeats, 1998 ; Breton à l’avant de soi, 2001 ; Sous l’horizon du langage, 2001 ; Remarques sur le regard, 2002 ; L’Imaginaire métaphysique, 2006 ; Goya, les peintures noires, 2006 ; La Stratégie de l’énigme, 2006 ; L’Alliance de la poésie et de la musique, 2007 ; Notre besoin de Rimbaud, 2009 ; La Communauté des critiques, 2010. Ils portent principalement sur l'histoire de la peinture, la relation des arts à la poésie, l'histoire de la poésie et son interprétation, la philosophie de l'œuvre et de l'acte poétiques.

Ils vont de pair avec une activité de traducteur de Shakespeare (une quinzaine d'ouvrages), de William Butler Yeats (Quarante-cinq poèmes de Yeats, 1989), de Pétrarque et de Leopardi, ainsi que du poète grec Georges Séféris à qui l'a lié une longue amitié ; il a conduit une réflexion sur l'acte du traducteur, réflexion engagée dans les préfaces qu'il a données à ses traductions de Shakespeare (Théâtre et poésie. Shakespeare et Yeats, 1998 ; La Communauté des traducteurs, 2000.)

À partir de 1960, Yves Bonnefoy a été régulièrement l'invité, pour des périodes d'enseignement, d'universités françaises ou étrangères, en Suisse et aux États-Unis. Il a été professeur associé au centre universitaire de Vincennes (1969-1970), à l'université de Nice (1973-1976), et à l'université d'Aix-en-Provence (1979-1981), professeur invité à l'université de Genève (1970-1971 et 1971-1972). Devenu professeur au Collège de France, il continua à donner des conférences dans de nombreux pays.

L’ensemble de ses résumés de cours au Collège de France a été publié aux éditions du Seuil en 1999 : Lieux et destins de l’image : un cours de poétique au Collège de France (1981-1993). De 1993 à 2004, il a réuni à la Fondation Hugot du Collège de France une série de onze colloques fermés sur La Conscience de soi de la poésie. Seuls trois volumes d'actes de ces colloques ont été publiés : Jouve, poète, romancier, critique (1995), Poésie et rhétorique (1997), Poésie, mémoire et oubli (2005) ainsi qu'une anthologie : La Conscience de soi de la poésie, anthologie des colloques de la Fondation Hugot (2008).

Les liens avec les autres arts

Depuis les premiers volumes réalisés en collaboration avec des artistes et édités par Maeght - Pierre écrite avec Raoul Ubac en 1958 et Anti-Platon avec Joan Miró en 1962 -, Yves Bonnefoy a régulièrement publié des livres de cette nature, dans lesquels un dialogue s'engage entre les mots du poème et l'œuvre graphique qui l'accompagne, avec notamment Pierre Alechinsky, Nasser Assar, Eduardo Chillida, Claude Garache, Jacques Hartmann, Alexandre Hollan, George Nama, Farhad Ostovani, Antoni Tàpies, Gérard Titus-Carmel, Bram Van Velde, Zao Wou-Ki.

Yves Bonnefoy a été rédacteur de la revue L'Éphémère pendant sa durée d'existence (1966-1972) avec André du Bouchet, Louis-René des Forêts, Gaëtan Picon. Michel Leiris et Paul Celan rejoignirent en 1968 le comité de rédaction, au moment du départ de Gaëtan Picon.

Il a dirigé, chez Flammarion, la collection Idées et Recherches, une collection de référence en histoire des idées, en histoire de l’art et des systèmes iconologiques, dont le catalogue d'une quarantaine de titres en l’espace d’un peu moins de trente ans témoigne de son engagement en faveur du dialogue des savoirs : on y trouve des livres d'André Chastel, qu’il avait rencontré au début des années cinquante et sous la direction duquel il commença alors à travailler, Henri-Charles Puech, Marcel Detienne, Alexandre Leupin, Oleg Grabar, Rolf Stein, Louis Grodecki, Jurgis Baltrusaitis, Erwin Panofsky, Marc Fumaroli, Hubert Damisch, Georges Didi-Huberman, André Green, Oskar Bätschmann, André Berne-Joffroy, Jean Seznec, Pierre Schneider ou Daniel Arasse.

Il fut chez le même éditeur le maître d'œuvre du Dictionnaire des mythologies et des religions des sociétés traditionnelles et du monde antique.

En 2007 le compositeur Thierry Machuel a utilisé une partie des textes du recueil Les Planches Courbes pour son oratorio intitulé L'Encore Aveugle, créé avec un chœur de lycéens musiciens issus de plusieurs lycées de la région Champagne-Ardenne.

Prix et distinctions

Prix

  • France :
    • 1971 : Prix des Critiques
    • 1981 : Grand prix de poésie de l'Académie française, pour l'ensemble de son œuvre
    • 1987 : Grand prix de littérature de la SGDL, pour l'ensemble de son œuvre
    • 1987 : Prix Goncourt de la poésie, pour l'ensemble de son œuvre
    • 1995 : Prix mondial Cino del Duca
    • 2006 : Prix de l'Ardua (prix de l'association universitaire d'Aquitaine, remis à Bordeaux)
    • 2011 : Prix Roger-Kowalski/Grand Prix de Poésie de la Ville de Lyon, pour L'Heure présente, publié au Mercure de France
    • 2013 : Prix de la BnF.
  • Autres pays :
    • 1978 : Prix Montaigne de la Fondation Frédéric von Schiller (Hambourg)
    • 1995 : Prix Balzan (remis alternativement à Berne et Rome), pour ses travaux comme historien de l'art et critique d'art (études appliquées à l'art européen du Moyen Âge à nos jours)
    • 2005 : Prix international Pier Paolo Pasolini (remis à Rome le premier novembre)
    • 2006 : Prix européen de poésie (remis à Trévise en novembre)
    • 2007 : Prix Franz Kafka, pour l'ensemble de son œuvre
    • 2010 : Prix Alassio international (remis à Turin le 15 mai)
    • 2010 : Prix Mario Luzi (remis à Turin le 11 juin)
    • 2011 : Grand Prix de poésie Pierrette-Micheloud (Lausanne), pour l'ensemble de son œuvre
    • 2013 : Prix de littérature en langues romanes de la Foire internationale du livre de Guadalajara (Mexique), pour l'ensemble de son œuvre.

Distinctions

Il a été fait docteur honoris causa de très nombreuses universités à travers le monde, parmi lesquelles l’université de Neuchâtel, l’American College à Paris, l’université de Chicago, Trinity College de Dublin, les universités d’Édimbourg, de Rome, d’Oxford et de Sienne.

En 1984 le ministre Jack Lang l'a nommé Commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres.

Poésies
LivresDisponible
Publication
[Paris] : Gallimard, 1992
Date de publication
1992
Les planches courbes
LivresDisponible
Publication
[Paris] : Gallimard, 2003
Date de publication
2003
Poésies
LivresDisponible
Publication
[Paris] : Gallimard, 1983
Date de publication
1983
Alberto Giacometti
LivresDisponible
Publication
Paris : Assouline, 1998
Date de publication
1998
Les fleurs du mal
LivresDisponible
Publication
Paris : Librairie générale française, 1999
Date de publication
1999