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Rolland, Romain (1866-1944)

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Biographie

Maison où Romain Rolland a vécu à Vézelay de 1938 à 1944. Plaque sur la maison où Romain Rolland a vécu à Vézelay de 1938 à 1944.

Issu d’une famille de notaires, il compte dans son ascendance des paysans et des bourgeois aisés. Il passe ses quatorze premières années à Clamecy, où il accomplit d'excellentes études au lycée de la ville. En 1880, sa famille s'installe à Paris, où il suit les cours du lycée Saint-Louis puis du lycée Louis-le-Grand. Il est reçu à l’École normale supérieure en 1886, où il se lie avec André Suarès et Paul Claudel. Il est agrégé d’histoire en 1889.

Il passe ensuite deux ans à Rome, de 1889 à 1891, comme membre de l’École française de Rome, où sa rencontre avec Malwida von Meysenbug – qui avait été l’amie de Nietzsche et de Wagner – ainsi que la découverte des chefs-d’œuvre de l’art italien, sont décisives pour la construction de sa pensée. À son retour en France en 1892, il s’installe à Paris, épouse Clotilde Bréal et rassemble de la documentation pour ses thèses de doctorat. Les années suivantes, il enseigne l’histoire aux lycées Henri-IV et Louis-le-Grand. En 1895, il obtient son doctorat de lettres en soutenant une thèse sur « Les origines du théâtre lyrique moderne. Histoire de l’opéra en Europe avant Lulli et Scarlatti ». Il est chargé de cours d’histoire de l’art à l’École normale supérieure. En 1900, il organise à Paris le premier congrès d’histoire de la musique.

En 1901, il divorce et s’installe seul au 162 boulevard du Montparnasse à Paris. À partir de 1904, il enseigne l’histoire de la musique à la Sorbonne. Son roman-fleuve Jean-Christophe, publié de 1904 à 1912, lui apporte la notoriété. En 1912, il démissionne de la Sorbonne pour se consacrer uniquement à son œuvre littéraire.

Romain Rolland pendant la Grande Guerre

Romain Rolland est en Suisse lors de la déclaration de la Première Guerre mondiale, dont il comprend très vite qu’elle est un « suicide » de l’Europe. Bouleversé à l’idée du déclin de l’Europe et n’étant pas mobilisable du fait de son âge (48 ans), il décide de ne pas quitter le pays. Outre son engagement au sein de la Croix-Rouge, basée à Genève, il demeure aussi en Suisse afin de pouvoir librement diffuser ses œuvres. La plus célèbre est son appel pacifiste de 1914, Au-dessus de la mêlée, paru dans le Journal de Genève. Romain Rolland y condamne la violence. Restant « au-dessus de la mêlée », Rolland veut agir aussi bien vis-à-vis de la France que de l’Allemagne. En raison de ses idées, il est considéré par certains (fervents nationalistes ou non) comme un traître dans son pays. Outre-Rhin en revanche, il passe presque inaperçu.

Cependant, la publication de ses articles, à Paris, a eu un large écho dans la seconde moitié de la guerre : ils sont traduits en plusieurs langues — sauf en allemand. En novembre 1916, l'Académie suédoise décide de décerner à Romain Rolland le Prix Nobel de littérature de 1915, {{citation}}

Pour avoir critiqué les deux camps à propos de leur désir de poursuivre la guerre, de leur volonté d’obtenir une victoire destructrice, Rolland devient une figure non seulement du mouvement pacifiste international, mais aussi du mouvement de la Troisième internationale, aux côtés entre autres d'Henri Guilbeaux. En mai 1917, il adresse aux Russes un salut et une mise en garde : {{citation bloc}} En 1919, il rédige un manifeste et invite tous les travailleurs de l'esprit à le signer. Ce texte, la Déclaration de l'indépendance de l'Esprit, cherche à tirer les leçons de la guerre, en définissant une voie libre au-delà des nations et des classes. {{Article détaillé}}

Engagement politique

En avril 1922, Romain Rolland s’installe en Suisse, à Villeneuve, au bord du lac Léman. Quoique de santé fragile, il continue à travailler à son œuvre littéraire, voyage en Europe, et entretient un très vaste réseau de correspondance avec des intellectuels du monde entier. Depuis 1906, et jusqu’à sa mort, il est en relations épistolaires et amicales avec Alphonse de Châteaubriant, malgré d'importantes divergences politiques. Il entretient également une correspondance avec Hermann Hesse, Richard Strauss, André Suarès, Stefan Zweig, Alain (Émile-Auguste Chartier) René Arcos et Jean Guéhenno jusqu’à sa mort, en 1944.

À compter de 1923, et jusqu’en 1936, il entretient une discussion avec Sigmund Freud sur le concept de sentiment océanique que Romain Rolland puise dans la tradition indienne qu’il étudie alors avec ferveur. La même année, il préside à la fondation de la revue Europe, avec des membres du groupe de l'Abbaye, notamment René Arcos.

En 1924, son livre sur Gandhi contribue beaucoup à faire connaître ce dernier (qu’il rencontrera à Villeneuve en 1931), et son engagement pour la non-violence.

Cependant, Romain Rolland finit par se détourner de la non-violence, qui n’apporte pas de remède à la montée des fascismes en Europe (Fascisme en Italie, NSDAP en Allemagne, Franquisme en Espagne…). À partir de 1930, il s’engage en faveur de la défense de l’URSS, et d’autant plus lorsqu’Hitler arrive au pouvoir en Allemagne (30 janvier 1933). En 1934, Romain Rolland épouse une Russe, Maria Koudacheva. Il accomplit avec elle un voyage à Moscou en 1935, à l’invitation de Gorki. Au cours de ce périple, il rencontre Staline. Il est l’un des fondateurs du mouvement pacifiste Amsterdam-Pleyel.

Cependant, les procès de Moscou (août 1936 - mars 1938), puis le pacte germano-soviétique en août 1939, le convainquent de s’éloigner de l’action politique. En 1938, il a quitté la Suisse pour venir s’établir à Vézelay, qui tombe en zone occupée en 1940. Pendant l’Occupation, Romain Rolland garde le silence et poursuit son travail. Il tient son Journal, publié en 2012, et termine en 1940 ses Mémoires. Il met également une touche finale à ses recherches musicales sur Beethoven. Enfin, il écrit Péguy, paru en 1945, dans lequel ses souvenirs personnels éclairent la réflexion d’une vie sur la religion et le socialisme.

Romain Rolland et Stefan Zweig

Les deux hommes avaient quinze ans de différence. Le jeune Stefan Zweig a d’emblée été conquis par l’œuvre de Romain Rolland et plus encore par l’homme quand il aura l’occasion de le rencontrer. Il a été séduit par son humanisme, son pacifisme, sa connaissance de la culture allemande qui lui semble représenter une synthèse entre leurs deux cultures. Ils s’écrivent beaucoup : on a retrouvé 520 lettres de Stefan Zweig à Romain Rolland et 277 lettres de Romain Rolland à Stefan Zweig.

Le 22 décembre 1912, à l'occasion de la publication de Jean-Christophe, Stefan Zweig publie un article dans le Berliner Tageblatt: « Jean-Christophe est un événement éthique plus encore que littéraire. »

Ils sont atterrés par la guerre qui commence et le 3 août 1914, Romain Rolland écrit : {{citation bloc}}

Mais contrairement à Stefan Zweig, il se reprend vite et publie en 1915 l’un de ses textes les plus connus : Au-dessus de la mêlée. C’est l’opiniâtreté de Romain Rolland dans sa lutte contre la guerre qui sauve Stefan Zweig de la dépression et fait qu’il admire de plus en plus celui qu’il considère comme son maître. En 1921, Stefan Zweig publie une biographie de Romain Rolland intitulée Romain Rolland : sa vie, son œuvre. {{Article détaillé}}

Entre ces deux hommes, c’est l’histoire d’une grande amitié qui va se développer à partir d'une relation de maître à disciple, même si leurs voies vont quelque peu diverger sur la fin. Stefan Zweig fait connaître Romain Rolland en Allemagne, travaillant inlassablement à sa renommée. Il fait représenter son Théâtre de la Révolution et Romain Rolland lui dédie la pièce qu’il termine en 1924 intitulée Le Jeu de l’amour et de la mort avec ces mots : « À Stefan Zweig, je dédie affectueusement ce drame, qui lui doit d’être écrit. »

Durant cette période, ils se voient souvent, chaque fois qu’ils en ont l’occasion :

  • En 1922, Stefan Zweig est à Paris et l’année suivante, c’est Romain Rolland qui passe deux semaines au Kapuzinerberg ;
  • En 1924, ils sont à Vienne pour le soixantième anniversaire de Richard Strauss où Stefan Zweig présente son ami à Sigmund Freud qu’il désirait rencontrer depuis longtemps ;
  • En 1925, ils se retrouvent à Leipzig pour le festival Haendel puis ils partent pour Weimar visiter la maison de Goethe et consulter les archives de Nietzsche ;
  • En 1926, pour les soixante ans de Romain Rolland, paraît son livre jubilaire conçu en grande partie par Stefan Zweig qui va donner dans toute l’Allemagne de nombreuses conférences sur l’œuvre de son ami à propos de qui il a cette phrase magnifique : « La conscience parlante de l’Europe est aussi notre conscience. »
  • En 1927, c’est à Vienne qu’ils commémorent ensemble le centenaire de la mort de Beethoven. À l’initiative de Stefan Zweig, Romain Rolland fait partie des personnalités invitées aux festivités et ses articles, son hommage à Beethoven paraissent dans nombre de journaux.

Mais cette grande amitié va peu à peu buter sur des divergences à propos de la situation internationale. En 1933, Romain Rolland écrit sur Stefan Zweig : {{citation}} Stefan Zweig de son côté, éprouve les mêmes sentiments. En 1935, il écrit à sa femme Friderike : {{citation}}

Adolf Hitler accède au pouvoir en janvier 1933. Pressentant la tragédie qui s'annonce, Stefan Zweig quitte l'Autriche en février 1934. Il se suicide en 1942 au Brésil. Romain Rolland meurt à Vézelay le 30 décembre 1944.

Amok ou Le fou de Malaisie
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Publication
[Paris] : Stock, 2002
Date de publication
2002
L'Ame enchant©♭e
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Publication
Paris : Albin Michel, 1922
Date de publication
1922
Haendel
LivresNon disponible
Publication
[Paris] : "Classica répertoire", impr. 2005
Date de publication
2005