Bashevis-Singer, Isaac (1904-1991)
Biographie
Yitskhok-Hersh Zynger naît d'un père rabbin hassidique et d'une mère elle-même fille de rabbin. À 4 ans, il déménage avec sa famille à Varsovie où il grandit et où son père devient à la fois leader spirituel et juge en prenant la présidence d'un beth din (tribunal rabbinique) que l'auteur définit plus tard, dans une nouvelle, comme {{citation}}. L'écrivain passe son adolescence à Varsovie ou dans la ville médiévale de Biłgoraj dans laquelle vit son grand-père. Il poursuit des études dans une école rabbinique où lui est dispensée une éducation traditionnelle et religieuse. Il y apprend l'hébreu moderne et s'intéresse aux préceptes de la kabbale. Tout en étudiant la Torah, il découvre à 12 ans l'œuvre de Léon Tolstoï, Fiodor Dostoïevski, Guy de Maupassant et Gustave Flaubert dans une traduction yiddish qui le marque et l'influence durablement.
Sur l'exemple de son frère, l'écrivain Israel Joshua Singer, il abandonne le rabbinat pour se consacrer à la littérature et au journalisme. Il commence sa carrière en 1925 en publiant, sous divers pseudonymes, des nouvelles dans des revues yiddish comme Literarische Bleter et en traduisant en yiddish des romans de Knut Hamsun ou encore La Montagne magique de Thomas Mann{{,}}. Le pseudonyme d'« Isaac Bashevis Singer », qu'il finit par adopter comme seul nom de plume, lui permet de se distinguer de celui de son frère « Israel Joshua Singer ». Son premier roman La Corne du bélier (Satan in Goray), tableau du judaïsme polonais au {{XVIIe siècle}}, paraît en 1932. Si ses ouvrages de jeunesse ont été rédigés en hébreu, il fait vite le choix d'écrire en yiddish, sa langue maternelle. Le yiddish est essentiellement oral mais son travail d'écrivain, qui en fait un inventaire et en reprend les codes et les formules idiomatiques, le transforme en témoignage précieux et en document d'une grande richesse. Plus tard, il donne au quotidien yiddish Forward et à diverses revues des romans édités en feuilletons et rassemblés postérieurement en volumes dans leur traduction anglaise.
Afin de fuir l'antisémitisme grandissant à cette époque, il quitte la Pologne pour les États-Unis en 1935 avec son frère et devient citoyen américain en 1943. Durant sa carrière il publie dix-huit romans, quatorze livres pour enfants et plusieurs recueils de nouvelles. L'enthousiasme du public américain pour ses livres vient avec leur traduction anglaise dans les années 1950, entreprise par Saul Bellow. Son œuvre romanesque, extrêmement riche, puise sa matière dans la Pologne d'antan, l'histoire du peuple juif, le folklore ashkénaze, la mythologie hébraïque, l'exégèse biblique, les souvenirs d'enfance et, dans une moindre mesure, l'expérience américaine.
Son frère aîné meurt subitement en février 1944, à New York, d'une thrombose, et son frère cadet meurt dans la Russie soviétique, vers 1945, après avoir été déporté avec sa mère et son épouse dans le sud du Kazakhstan.
Isaac Bashevis Singer prolonge la tradition disparue des conteurs yiddishs. Ses récits mêlent indistinctement monde quotidien et merveilleux. L'auteur fait cohabiter la satire, dans l'observation des mœurs juives contemporaines, et le surnaturel à travers les fantômes, les démons et les esprits malins qui font de fréquentes apparitions dans ses fictions et jouent un rôle essentiel car ils permettent de ressusciter la culture hébraïque et d'imager les problèmes inhérents à la sexualité. Nombre de ses livres évoquent dans un mélange d'humour, de grotesque, de noirceur et de fantaisie narrative et verbale, la vie des Juifs polonais avant la Seconde Guerre mondiale.
Singer étend ensuite sa réflexion littéraire sur la notion de spiritualité et d'identité, faisant de l'individu juif un être en proie aux doutes, déchiré entre le respect de ses traditions et la volonté d'assouvir ses passions dans une société où il cherche à s'imposer sans jamais trouver sa place. Dans ses écrits tardifs, l'auteur outrepasse le cadre de sa communauté originelle pour évoquer les doutes et les névroses de l'homme dans le monde contemporain dont il rapproche la souffrance de celle des animaux. Dans les années 1970, Singer devient d'ailleurs un végétarien militant, et établit des liens entre le comportement humain envers le monde animal et celui des Nazis durant le second conflit mondial.
Isaac Bashevis Singer meurt en 1991 à Surfside, près de Miami, des suites d'un accident vasculaire cérébral.
En 1983, Barbra Streisand adapte au cinéma sa nouvelle Yentl.