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Lavisse, Ernest (1842-1922)

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Biographie

Jeunesse

Fils d’un modeste boutiquier, Lavisse, boursier, intègre l’École normale supérieure en 1862 après avoir songé à entrer à l’École militaire de Saint-Cyr. Il est reçu deuxième, après Gabriel Monod, à l’agrégation d’histoire en 1865.

Un proche de Victor Duruy

Présenté au ministre de l'Instruction publique et historien Victor Duruy, Lavisse devient son secrétaire de cabinet de 1865 à 1868 puis est nommé précepteur adjoint du prince impérial Louis-Napoléon (1868) sur recommandation de Duruy et membre de son cabinet (directeur sans titre) en 1869. La défaite de 1870 touche au plus profond de lui-même ce protégé du régime.

Séjour en Allemagne

Décidé à œuvrer pour sa patrie vaincue, Lavisse, muni d’un modeste viatique, part étudier le fonctionnement du système universitaire de l’Allemagne victorieuse. Durant trois années, il étudie sur place l’histoire et les origines de la Prusse, thème qui restera sa spécialité. L’une de ses deux thèses, la Marche de Brandebourg sous la monarchie ascanienne préfigure ainsi ses œuvres futures les plus originales : Études sur l’histoire de Prusse (1879), Trois empereurs d’Allemagne, Guillaume {{Ier}}, Frédéric III, Guillaume II (1888), et enfin deux ouvrages sur Frédéric le Grand en 1891 et 1893 : La Jeunesse du Grand Frédéric et Le Grand Frédéric avant l’avènement.

Carrière universitaire

De retour d’Allemagne en 1875, Lavisse se rallie par degrés au régime républicain, jusqu’à y adhérer tout à fait lors de la crise du 16 mai 1877. Suppléant de Fustel de Coulanges à la Sorbonne en 1880 puis professeur adjoint en 1883, il succède à Henri Wallon à la chaire d’histoire moderne cinq ans plus tard.

En juin 1888, il participe en Italie aux grandes fêtes de Bologne, organisées pour les 800 ans de la plus ancienne université d'Europe. Il accompagne à cette occasion la délégation étudiante parisienne qui fonde à Bologne la Faluche.

Professeur talentueux et orateur hors pair, capable de subjuguer par la force de son discours les auditoires les plus divers, Lavisse n’atteint pas cependant la dimension théorique d’un Leopold von Ranke.

Personnage phare de la Troisième République, membre de l’Académie française en 1892, directeur de la Revue de Paris en 1894, instituteur national, surtout lorsqu’il devient, en 1904, directeur de l’École normale supérieure, Lavisse mène durant toute sa carrière la régénération du système universitaire et scolaire du régime.

Un conseiller ministériel

Conseiller de plusieurs ministres de l'Instruction publique, c'est à ce titre qu'il est à l'origine en 1886 du Diplôme d'études supérieures et est le promoteur en 1894 de la réforme de l'agrégation d'histoire. Sa politique se révèle d’ailleurs plus patriotique que républicaine, comme les conservateurs s’en rendront compte très vite. Ernest Lavisse, le général Pau et Louis-Emile Bertin seront, avant la guerre de 1914, les cofondateurs de La Ligue Française. Ernest Lavisse, le général Paul Pau seront les Présidents d'honneur de La Ligue Française sous la Présidence de Louis-Emile Bertin. Fort de cette posture institutionnelle reconnue et incontournable, pendant la Première Guerre mondiale, il présida le Comité d'études, chargé par Aristide Briand en février 1917 de travailler à l'élaboration des buts de guerre de la France.

L'«instituteur national»

Durant deux décennies, il dirige la publication des célèbres ouvrages collectifs qui portent son nom : Histoire de France illustrée depuis les origines jusqu’à la Révolution, 1900-1912, et l’Histoire contemporaine de la France, 1920-1922.

Ses ouvrages, parmi lesquels les nombreux « manuels Lavisse », accompagnent la formation de multiples générations de professeurs, d’instituteurs et d’élèves. Ils vont faire naître, phénomène nouveau, une véritable culture historique populaire en France. Toutefois, bon nombre de clichés y trouvent aussi leurs sources, Lavisse étant souvent plus soucieux d’une reconstruction systématique de l’Ancien Régime en fonction de l’avènement de la République que d’une stricte recherche de la vérité historique.

Son manuel le « Petit Lavisse » pour les écoliers français, à l'instar du Tour de la France par deux enfants, est imprimé à plusieurs millions d'exemplaires, depuis 1884 (année de sa première édition) jusqu'aux années 1950. Il est destiné à inculquer le sentiment patriotique aux jeunes Français (avec ses valeurs de la République, de la colonisation conçue comme un devoir civilisateur), voire à leur donner un esprit revanchard ou belliciste à la suite de la défaite de 1870.

Une bibliothèque en Sorbonne porte aujourd'hui son nom.

Histoire de France
LivresDisponible
Publication
Paris : la Librairie des écoles, DL 2013
Date de publication
2013
Souvenirs
LivresDisponible
Publication
Paris : Calmann-Lévy, 1988
Date de publication
1988