Euripide (0480-0406 av. J.-C.)
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Biographie
Sources
La vie d'Euripide est mal connue, les sources anciennes étant tardives et reprenant sur son compte des éléments douteux, souvent colportés par les poètes comiques dont il fut la cible : on possède ainsi une Vie, écrite par un auteur anonyme, mêlant de nombreuses légendes à des faits crédibles ; un chapitre des Nuits Attiques d’Aulu-Gelle consacré à Euripide ; trois épigrammes funéraires de l’Anthologie palatine.
Pour Justina Gregory, les détails biographiques proviennent presque entièrement de trois sources invérifiables :
- le folklore, employé par les anciens pour donner de la consistance à la biographie des auteurs ;
- la parodie, employé par les comiques contemporains pour ridiculiser les poètes tragiques ;
- les indices « autobiographiques » glanés de ses pièces.
Débuts
Selon la tradition, Euripide naît à Salamine le jour même de la bataille, en -480, d'une famille athénienne réfugiée sur l'île pour échapper aux Perses. Son nom viendrait de l'Euripe, détroit entre le continent et l'île d'Eubée. Son père, Mnésarque, était un commerçant au détail qui vivait dans un village proche d'Athènes. Après qu'un oracle lui eut annoncé que son fils était destiné à remporter des « lauriers de la victoire », Mnésarque insista pour qu'il suive un entraînement en vue d'une future carrière d'athlète. Il servit durant un temps comme danseur et porteur de torche dans les rituels consacrés à Apollon Zosterios. Selon le Traité de l’Ivresse de Théophraste, Euripide fut échanson de certains des citoyens de premier ordre, des danseurs appelés « Orchestes », qui dansaient autour du temple de l’Apollon délien. Aristophane insinue à de nombreuses reprises dans ses pièces qu'il est de basse extraction, ce que confirme Théophraste. Néanmoins, sa culture montre une éducation coûteuse, auprès de sophistes comme Prodicos de Céos ou Protagoras, ce qui n'aurait guère été possible si sa mère avait effectivement vendu des herbes, comme le veut une tradition qui le raille.
Euripide participe également à des jeux gymniques, et est couronné aux jeux théséens. Contemporain de Socrate, il est aussi son ami. Selon le poète comique Téléclidès, le philosophe fut le coauteur des pièces d'Euripide. Selon Aristophane, le prétendu auteur collaborateur était un acteur renommé, Céphisophon, qui partageait également la maison du tragédien ainsi que sa femme, tandis que Socrate enseignait à une école entière de plaisantins comme Euripide :
- They sit at the feet of Socrates
- Till they can't distinguish the wood from the trees,
-
- And tragedy goes to POT;
-
- They don't care whether their plays are art
- But only whether the words are smart;
- They waste our time with quibbles and quarrels,
- Destroying our patience as well as our morals,
-
- And making us all talk ROT.
-
Carrière théâtrale
Euripide était le plus jeune des trois grands tragédiens, qui étaient presque contemporains : sa première pièce fut jouée treize ans après la première pièce de Sophocle, et trois ans seulement après le chef-d'œuvre d'Eschyle, l’Orestie. L'identité des trois personnages est nettement soulignée par une considération patriotique sur leurs rôles respectifs lors de la grande victoire grecque sur la Perse à la bataille de Salamine : Eschyle y combattit, Sophocle était juste assez âgé pour célébrer la victoire dans un chœur de garçons, tandis qu'Euripide naquit le jour même de la bataille. Une grande partie de sa vie et de sa carrière coïncida avec la guerre du Péloponnèse, lors de laquelle Athènes et Sparte se disputèrent l'hégémonie sur la Grèce, mais il ne vécut pas assez longtemps pour voir la défaite finale de sa cité.
Il se lance publiquement dans la tragédie à partir de 455. Sa première pièce, Les Péliades, remporte un troisième prix. Il a ensuite remporté un premier prix aux Dionysies en 441 puis deux autres en 428 et en 403. Il devient rapidement assez populaire. Plutarque, dans sa Vie de Nicias, raconte qu'après le désastre naval de Syracuse, les prisonniers athéniens pouvant réciter des tirades d'Euripide sont relâchés. En -420, il représente Mélanippe la Philosophe, dont Plutarque cite quelques passages, dans le Dialogue sur l'Amour issu de ses Œuvres morales
Dernières années
Il se serait reclus et fabriqué une maison dans une grotte de Salamine ({{Lien}}), {{citation}} ({{citation étrangère}}). Dans Les Acharniens, Aristophane le dépeint comme un reclus vivant une vie morose dans une maison précaire, entouré par les costumes en lambeaux de ses personnages à la réputation douteuse. Cependant, on retrouve une description similaire dans la pièce plus tardive Les Thesmophories, où Agathon, un autre poète tragique, est dépeint dans des conditions aussi étranges ou presque. Ce fait symbolise probablement l'isolement d'un intellectuel bien en avance sur son temps.
Retraite en Macédoine et mort
Après Oreste, produit en 408, Euripide décide de se retirer en 406 en Macédoine, à la cour d'Archélaos. En chemin, il s'arrête quelque temps en Magnésie{{Lequel}} où on l'honore d'une proxénie. Parvenu à la cour d'Archélaos, il écrit deux pièces, Les Bacchantes et Archélaos (aujourd'hui perdu). Il y meurt au début de l'année 406, frappé par la rudesse de l'hiver macédonien, selon un chercheur moderne .
Il est par exemple possible qu'il n'ait jamais visité la Macédoine ; ou il pourrait s'y être rendu après y avoir été invité par le roi Archélaos, qui lui aurait offert, à lui ainsi qu'à d'autres artistes, des conditions avantageuses.