Vallès, Jules (1832-1885)
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Biographie
Jules Vallès a écrit une trilogie romanesque largement autobiographique centrée autour d'un personnage que Vallès nomme Jacques Vingtras : le premier tome s'appelle L'Enfant ; l'auteur évoque sa jeunesse entre un père professeur et une mère fille de paysans, période de sa vie qu'il présente comme pauvre (au moins pour la partie consacrée au Puy) et malheureuse. Les tomes suivants sont Le Bachelier et L'Insurgé. On peut reprendre ces titres pour présenter la biographie de Jules Vallès, même si l'adéquation n'est pas totale entre la vie (racontée) de Jacques Vingtras et celle (réelle) de Jules Vallès. On peut y remarquer l'absence de faits importants et le fait que sa sœur n'y est pas évoquée.
Enfance et formation
Jules Vallès est le troisième enfant de Jean-Louis Vallez et de Julie Pascal ; il apparaît comme « Louis Jules Valles » à l'état-civil.
Son père, ayant obtenu son baccalauréat en 1826, travaille d'abord comme maître d'école à l'Institut des sourd-muets du Puy, puis, à partir de 1833, comme maître d'études au collège royal du Puy, mais il est congédié quelques années et ne reprend ce travail qu'en 1839. En 1840, il est nommé maître de {{7e}} au collège royal de Saint-Étienne.
En 1839, Jules entre en {{8e}} au collège du Puy, et en 1840, au collège de Saint-Étienne où il restera de la {{7e}} à la {{3e}}.
Son père prépare l'agrégation de grammaire et est admissible en 1845. Il est alors nommé professeur au Collège royal de Nantes. Il sera reçu à l'agrégation en 1847. Jules Vallès entre donc au collège de Nantes, de nouveau en {{3e}}, et se trouve en classe de rhétorique en 1847-1848. Il semble, d'après ses ouvrages L'Enfant et Le Bachelier, que ses relations avec ses parents, surtout avec son père, ont été assez conflictuelles. Jules a des opinions socialistes, à tendance anarchiste, voire proudhonienne. Son père ne partage pas ses idées et de plus voudrait garder son emploi de fonctionnaire qu'il pourrait perdre si son fils se montrait trop hostile aux bonapartistes et à Napoléon III.
1848 : première expérience révolutionnaire
À partir de février 1848, Jules Vallès participe activement aux événements révolutionnaires (qui font du « collège royal » un « lycée national »). Le 26 février, il participe à une manifestation républicaine dans le centre-ville et le 27 assiste à la plantation d'un arbre de la liberté sur la place Royale (rebaptisée « place de l'Égalité ») aux côtés de son ami Charles-Louis Chassin. Début mars, celui-ci fonde le Club républicain de la Jeunesse de Bretagne et Vendée, qui organise une manifestation pour l'abolition de l'esclavage. Le club est cependant surtout consacré à la réflexion et ne se réunit que le jeudi et le dimanche. Fin mars, les dirigeants du club rencontrent le Commissaire de la République, Maunoury ; celui-ci leur explique que la meilleure chose à faire pour un jeune républicain, c'est d'étudier avec assiduité. Vallès estime que c'est une réponse de pion. En recrutant des élèves d'autres établissements de la ville, Jules Vallès réussit à devenir président du club, dans une perspective plus révolutionnaire que celle de Chassin. Il propose un programme radical : suppression du baccalauréat, des examens, « liberté absolue de l'enfance », etc. Le proviseur du lycée réagit à ce moment en informant les parents et en leur demandant d'intervenir auprès de leur enfant. Le journal nantais de droite L'Alliance fait état de cette affaire. Le club perd alors l'accès qu'il avait à un local prêté par les autorités et périclite. Quelques-uns de ses membres, dont Jules Vallès, se manifestent cependant en juin, au moment de l'insurrection des ouvriers parisiens ; ils envisagent de partir à Paris pour aider les insurgés, mais la mairie n'organise que le départ de gardes nationaux pour les combattre. Le 27 juin, au moment du départ des volontaires (au Port Maillard), Vallès et ses amis viennent manifester leur opposition, ce qui est rapporté dans L'Alliance du lendemain. Tout cela n’empêche pas Jules Vallès d’obtenir le {{1er}} prix d’excellence en 1848, alors qu’il n’avait eu que le {{2e}} en 1847.
En septembre 1848, il quitte Nantes pour Paris. Il habite au pensionnat Lemeignan (faubourg Saint-Honoré) ; il est élève au lycée Bonaparte (actuel lycée Condorcet), pour redoubler sa classe de rhétorique et préparer le concours général.
Le Bachelier
{{section à délister}}
- 1849-1850 : Jules Vallès est de retour au lycée de Nantes pour la classe de philosophie. Échec au baccalauréat, à Rennes.
- Octobre 1850 : Retour à Paris pour préparer l'École Normale.
- 1851 : Jules Vallès et Charles-Louis Chassin fondent un Comité des Jeunes pour lutter contre Louis-Napoléon Bonaparte, dont ils suspectent les intentions ; après le coup d'état du 2 décembre, ils essaient de mobiliser les étudiants parisiens.
- 31 décembre 1851 : Jules Vallès est rappelé à Nantes par son père et interné à l'asile de la ville pour « aliénation mentale ».
- Fin février 1852 : Deux certificats médicaux du même médecin certifient que Jules Vallès est guéri. Les amis nantais de Jules Vallès avaient menacé de crier au scandale.
- Mai 1852 : Jules Vallès obtient son baccalauréat.
- 1853 : Jules Vallès s'inscrit en droit à Paris. Complot de l'Opéra Comique : Jules Vallès et Arthur Ranc sont emprisonnés à Mazas (Prisons de Paris) .
- 1855 : Jules Vallès est le secrétaire de Gustave Planche.
- 1856 : Jules Vallès se bat en duel avec Poupart-Davyl qui fut un de ses amis, avec lequel il a partagé une habitation. Poupart-Davyl (Legrand dans Le Bachelier) et lui étaient entrés en conflit, du fait notamment de leurs opinions radicalement différentes, Vallès se montrant anticlérical, alors que Poupart-Davyl s'avère être assez catholique.
- 1857 : Mort du père. Premier livre non signé, L'Argent, commande du financier Jules Mirès.
- 1860 : Jules Vallès est employé à la Mairie de Vaugirard au bureau des naissances. Rencontre avec Hector Malot.
- 1862-1863 : Jules Vallès « pion » au collège de Caen, suit les cours de la faculté, échec à la licence de Lettres.
- 1863-1864 : Retour à la Mairie de Vaugirard. Grand article au Figaro : Les Réfractaires.
- 1864-1865 : Journaliste au Progrès de Lyon. Il envoie des articles à Paris.
- 1865 : Salle du Grand Orient, rue Cadet, conférence sur Honoré de Balzac. Jules Vallès est renvoyé de la Mairie de Vaugirard. Journaliste à L'Époque. Premier livre signé Vallès, Les Réfractaires.
- 1866 : Voyage à Lyon et à Saint-Étienne, visite sa mère. Deuxième livre signé, La Rue.
- 1867 : Jules Vallès fonde son premier journal, La Rue. Voyage en Périgord.
L'Insurgé
Photographie de Jules Vallès. Le Réfractaire {{n°}}, {{date-}}.
- 1868 : La Rue cesse de paraître. Condamné à deux mois de prison pour des articles sur la police, Jules Vallès est emprisonné à Sainte-Pélagie. Il y fonde le Journal de Sainte-Pélagie.
- 1869 : Jules Vallès invente le journal Le Peuple (quelques numéros), puis le journal Le Réfractaire (3 numéros). En mai, il est candidat aux élections législatives contre un « républicain », Jules Simon, et un « impérial », Lachaud.
- Son programme : {{citation}}
- Jules Vallès, accusé de diviser le camp républicain par sa candidature, est battu. En octobre, voyage sur le champ de bataille de Waterloo pour le dictionnaire Larousse, son article ne sera pas publié.
- 1870 : Jules Vallès relance son journal La Rue. Écrit à La Marseillaise (journal). La guerre contre la Prusse est déclarée. Jules Vallès, « pacifiste », est arrêté. En septembre, la guerre est perdue, avec la prise de Sedan, c'est la chute de l'Empire. La République est proclamée le 4 septembre. Vallès est opposé au « Gouvernement de la Défense nationale ». Préparation à la journée révolutionnaire du 31 octobre.
1871 : La Commune de Paris
Jules Vallès, dessin d’Ernest Clair-Guyot, dans L’Insurgé.
- 6 janvier : Vallès est un des quatre rédacteurs de L'Affiche Rouge proclamation au peuple de Paris pour dénoncer « la trahison du gouvernement du 4 septembre » et pour réclamer « la réquisition générale, le rationnement gratuit, l'attaque en masse ». Elle se terminait par : « Place au peuple ! Place à la Commune ! ».
- Février : Jules Vallès et son collaborateur Pierre Denis fondent le Cri du Peuple. « La Sociale arrive, entendez-vous ! Elle arrive à pas de géant, apportant non la mort, mais le salut. »
- 18 mars - 28 mai : Commune de Paris
- 26 mars : élection de Jules Vallès à la Commune par 4403 voix sur 6467 votants du {{XVe}} arrondissement.
Durant la Commune, Jules Vallès intervient contre les arbitraires, pour la liberté de la presse. Le Cri du Peuple (83 numéros du 22 février au 23 mai 1871) fut, avec Le Père Duchêne, le journal le mieux vendu de cette période. Vallès siégea d'abord à la commission de l'enseignement, puis à celle des relations extérieures. Il appartient à la minorité au conseil de la Commune opposée à la dictature d'un comité de Salut public. Durant la Semaine sanglante, {{référence nécessaire}} seront fusillées par l'armée régulière. Deux faux Vallès seront exécutés par méprise.
Exil
Maison natale de Jules Vallès, place de la Platrière, au Puy-en-Velay. Jules Vallès mourut en 1885, au {{n°}} du boulevard Saint-Michel à Paris. Tombe de Jules Vallès au cimetière du Père-Lachaise ({{66e}} division), à Paris. Le buste est l'œuvre de Jean Carlus. Vallès, menacé de mort, fuit Paris vers la Belgique et l'Angleterre.
- 1872 : Mort de la mère de Vallès. Condamnation à la peine de mort par contumace le 14 juillet 1872 par le {{6e}} conseil de guerre.
- Fin 1872 : Séjour à Lausanne où il écrit avec Henri Bellenger, un grand drame en 12 tableaux : La Commune de Paris.
- 1873-1880 : Long exil à Londres.
- 1875 : Mort à Londres de Jeanne-Marie, la fille de Vallès, âgée de 10 mois seulement. Vallès écrit le premier volet du roman Vingtras, il ne paraîtra, en feuilleton dans Le Siècle qu'en 1878, signé du pseudonyme La Chaussade.
- 1875-1880 : Nombreux articles envoyés de Londres, publiés à Paris sous pseudonymes. Articles : La Rue à Londres.
- 1878 : Vallès écrit Vingtras II (le futur Bachelier), qui paraît en feuilleton en 1879, sous le pseudonyme de Jean La Rue.
- 1879 : Rencontre à Bruxelles de Séverine. Reparution de son journal La Rue, dirigé depuis Londres (5 numéros) ; première édition de L'Enfant.
- 14 juillet 1880 : Avec l'amnistie, Vallès rentre à Paris. Séverine devient sa disciple et sa collaboratrice. Parution du roman Les Blouses.
- 1881 : L'éditeur Georges Charpentier publie L'Enfant et Le Bachelier, signés de Jules Vallès.
- 1882-1883 : Grands articles du Tableau de Paris.
- 1883-1885 : Jules Vallès relance et dirige Le Cri du Peuple.
- 1885 : Jules Vallès, épuisé par la maladie (il était atteint de diabète), meurt le 14 février, au 77 Boulevard Saint-Michel à Paris, en murmurant : « j'ai beaucoup souffert ».
Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise ({{66e}} division), accompagné par des dizaines de milliers de Parisiens et des survivants de la Commune. Sur sa tombe est inscrite cette épitaphe: {{Citation}} D’autres personnes sont enterrées dans sa tombe : René Guebhard, Frédéric de Creus, et Laure Bovet.
En 2015, selon Jean Birnbaum, directeur du Monde des livres, « Jules Vallès doit être considéré comme l’un des grands écrivains de l’anarchie ».