Bioy Casares, Adolfo (1914-1999)
Biographie
Très tôt acquis à l’art littéraire, Bioy Casares rencontre Borges en 1932 : c’est le début d’une longue amitié, qui marquera de son sceau les productions personnelles de l’auteur, et donnera lieu, plus tard, à une féconde collaboration littéraire publiée sous le pseudonyme de H. Bustos Domecq : Chroniques de Bustos Domecq, 1967 ; Nouveaux contes de Bustos Domecq, 1977.
Cependant, ce n’est qu’en 1940 (année de son mariage avec Silvina Ocampo) et après six ouvrages reniés, que débute sa carrière littéraire avec la parution de L’Invention de Morel – qui reprend les fondements de L'Île du docteur Moreau d'{{nobr}}, pour mieux en récuser les conventions. Ici, la trame du récit, mécanique implacable inspirée du roman policier, entraîne le narrateur, réfugié sur une île qu’il croit déserte, dans une énigme métaphysique où il devra choisir entre la prison du réel et l’illusion libératrice d’une existence « holographique », produite par une machine fantastique : l’invention de Morel.
Douloureuse métaphore sur la solitude, sur l’incommunicabilité et sur l’échec de l’amour, cette « fable » {{incise}}, {{inédit}} de Bioy Casares, qui ne cessera d’esquisser, par le jeu de l’écriture, des échappatoires imaginaires à la contingence de l’homme - condamné à la linéarité du temps et de l'espace et, finalement, à la mort. Les nouvelles (Nouvelles fantastiques, 1945, Nouvelles d’amour, 1971…) et les romans (Plan d’évasion, 1945, Le Songe des héros, 1954…) publiés par Bioy Casares à partir des années 1940, ne cesseront ainsi de réitérer le mouvement commencé par L’Invention de Morel {{incise}} un Don Juan pathétique, ironisant sur son destin et sur les femmes, déchiré entre enthousiasme et nostalgie, humour et sérieux, fantaisie et réalité. Influencés à la fois par H. G. Wells, Dino Buzzati ou Robert Louis Stevenson, tous ses romans et ses nouvelles sont à mi-chemin entre le fantastique et la vie quotidienne, à la frontière du réel et de l'imaginaire, marqués par un humour, une densité et une écriture très tendue.
Prix et distinctions
- 1981 : chevalier de la Légion d'honneur
- 1990 : prix Cervantes pour l’ensemble de son œuvre (plus haute distinction des lettres en langue espagnole)