Jankélévitch, Vladimir (1903-1985)
Biographie
Vladimir Jankélévitch est né dans une famille d'intellectuels juifs russes qui avait fui les pogroms antisémites dans leur pays. Son père médecin, Samuel, fut l'un des premiers traducteurs de Sigmund Freud en France ; il traduisit également des œuvres de Hegel et Schelling et publia des articles dans les revues de philosophie.
Vladimir Jankélévitch entre en 1922 à l'École normale supérieure où il étudie la philosophie ; il y a pour maître Léon Brunschvicg (1869-1944). En 1923, il rencontre Henri Bergson avec qui il entretient une correspondance.
Reçu premier à l’agrégation en 1926, Jankélévitch part pour l'Institut français de Prague l'année suivante. Il y enseigne jusqu'en 1932 et rédige une thèse sur Schelling. De retour en France, il enseigne au lycée Malherbe de Caen, puis au lycée du Parc de Lyon avant d'intégrer l'université de Toulouse en 1936, puis celle de Lille en 1938.
Dès le mois de janvier 1940, il entre dans la clandestinité à Toulouse où il passera les années de guerre (sous plusieurs identités dont celle d’André Dumez). Il est révoqué le 18 juillet 1940 comme n’ayant pas la nationalité française « à titre originaire », puis destitué une seconde fois en vertu du « statut des juifs » en décembre 1940.
Il s'engage dans la Résistance et dit : « Les nazis ne sont des hommes que par hasard ». Sa sœur Ida (1898-1982) épousa le poète Jean Cassou. Durant l'Occupation, Vladimir Jankélévitch réussit à faire venir toute sa famille à Toulouse, où Jean Cassou devient commissaire de la République en juin 1944. Il reçut l'aide du recteur de l'Institut catholique de Toulouse, {{Mgr}}, ainsi que des francs-maçons, notamment la famille de Henri Caillavet. Il dit, contre Sartre, que là était le vrai moment de s'engager, et qu'alors, faire de la morale, ce n'était pas écrire un Cahier pour une morale ou rédiger un Traité des vertus (comme il le fera plus tard), mais de distribuer des tracts en pleine rue au péril de sa vie. Pour lui, la morale consiste à s'engager, «non à effectuer une tournée de conférences au cours desquelles on s'engage à s'engager».
Il retrouve en octobre 1947 son poste de professeur à la Faculté de Lille. De 1951 à 1979, il est titulaire de la chaire de philosophie morale à la Sorbonne. Il est fait docteur honoris causa de l'Université libre de Bruxelles en 1965. À la Sorbonne, en mai 1968, il épouse « corps et âme l'insurrection étudiante ».
En 1979, lors des États généraux de la philosophie qui se sont tenus à la Sorbonne, il a puissamment contribué, avec Jacques Derrida, à sauver l'enseignement de la philosophie en classe de terminale en France. Sa seconde épouse, née Lucienne Lanusse le 28 décembre 1911, est décédée le 13 novembre 2007 à Paris. Il est inhumé au Nouveau Cimetière de Châtenay-Malabry, Divsion 3, allée E.