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Joly, Eva (1943-....)

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Biographie

Jeunesse et formation

Gro Eva Farseth naît le 5 décembre 1943 à Motzfeldts gate (rue Motzfeldt), dans un quartier modeste d'Oslo, d'une famille issue de l'agriculture.

Elle passe une partie de son enfance dans le quartier ouvrier de Grünerløkka (blanchisseries, boulangeries, meuneries, fabriques de voiles pour bateaux…), à Oslo, et en fréquente les écoles.

À 18 ans, après avoir fini troisième au concours de Miss Norvège, elle quitte son pays natal avant d'exercer divers métiers : fille au pair, secrétaire aux Disques Barclay, dactylo, couturière à domicile.

En 1967, elle épouse un étudiant en médecine, Pascal Joly, le fils aîné de la famille où elle travaillait au pair, malgré l'opposition de ses futurs beaux-parents. C'est ainsi qu'elle obtient, à 24 ans, la double nationalité norvégienne et française. Ils ont une fille, Caroline, qui deviendra avocate au Barreau de Paris, et un fils, devenu architecte. Tout en poursuivant des études de droit, Eva Joly gagne sa vie comme styliste en décoration d'intérieur. Quand son mari termine ses études de médecine, le couple s'installe à la campagne, à Bouray-sur-Juine, près d'Étampes. Eva Joly obtient une licence en droit et un DEA de sciences politiques, et devient conseillère juridique de l'hôpital psychiatrique d'Étampes.

En 1981, elle réussit un concours exceptionnel d'entrée à l'École nationale de la magistrature, et précise : « Il n'y avait pas d'épreuve de culture générale et cela me convenait ». La même année, à 38 ans, elle est nommée substitut du procureur de la République à Orléans.

En 1989, elle est détachée au comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI), organisme rattaché au ministère de l'Économie et des Finances, qui épaule les entreprises en difficulté dans les zones sinistrées. Elle en devient la première secrétaire générale adjointe à ne pas sortir de l'École nationale d'administration (ENA). Elle est également auditrice de l'Institut des hautes études de Défense nationale, dont elle a suivi l'enseignement en 1996.

Affaire Elf

{{Article détaillé}}

Nommée en 1990 juge d'instruction au pôle financier du palais de justice de Paris, elle instruit des affaires en vue, comme celle de Bernard Tapie (article détaillé : Affaire Tapie - Crédit lyonnais opposant Bernard Tapie au Crédit lyonnais et l'Affaire du Phocéa opposant Bernard Tapie à l'administration fiscale), puis se voit confier le dossier Bidermann, qui conduit via Elf-Gabon à l'affaire Elf, qu'elle instruit avec Laurence Vichnievsky. Le {{date}}, Eva Joly fait incarcérer Loïk Le Floch-Prigent, ancien PDG d'Elf Aquitaine et président en exercice de la SNCF.

Puis elle ouvre les dossiers de l'affaire des frégates de Taïwan et de l'affaire Dumas-Deviers-Joncour. En 1998, elle met en examen Roland Dumas, président du Conseil constitutionnel, qui est contraint à la démission. Condamné en première instance en 2001, il est relaxé en appel en 2003.

En 2001, en pleine affaire Elf, Eva Joly est marquée par le suicide de son mari (dont elle était séparée). La même année, elle est lauréate, pour le travail exceptionnel effectué dans cette affaire, du prix de l'intégrité décerné par l'ONG Transparency International.

En 2003, elle est l'une des initiatrices de la Déclaration de Paris avec l'ancien procureur de Genève Bernard Bertossa, le juge espagnol Baltasar Garzón, le juge italien Antonio Di Pietro et le Chilien {{lien}}, qui a inculpé Augusto Pinochet.

Retour en Norvège

Après l'affaire Elf, Eva Joly souhaite s'éloigner de la France. Elle explique son départ en Norvège comme un véritable exil pour se mettre à l'abri : {{citation}}.

En 2002, elle se met en disponibilité de la magistrature pour devenir conseillère du gouvernement norvégien dans la lutte contre la corruption et la délinquance financière internationale, déplorant au passage la complaisance en France pour les malversations financières.

Entre 2004 et 2006, pour le compte de l'Agence norvégienne de développement et de coopération, elle est conseillère du président de la République malgache, Marc Ravalomanana{{,}}.

En 2005, elle crée, avec l'appui du ministère des Affaires étrangères, le « Network », réseau privé de juges et d'enquêteurs engagés dans la lutte contre la corruption. Ses membres représentent notamment plusieurs pays en voie de développement auxquels le Network apporte non seulement un soutien psychologique et moral grâce aux échanges et réunions organisés régulièrement, mais aussi, à l'occasion, une aide matérielle, comme l'exfiltration d'un membre dont la sécurité serait menacée. Comme le disent certains membres du réseau, cette initiative unique et salutaire ne pourra réellement avoir un impact significatif que si une cour internationale est créée afin de poursuivre les criminels financiers, seule façon de faire appliquer les lois communes en vigueur.

Son nom est choisi par la promotion 2007 de l'École nationale de la magistrature. Dénonçant toujours la soumission de la magistrature au pouvoir politique, elle a critiqué le projet de Nicolas Sarkozy visant à dépénaliser le droit des affaires.

Enquête sur la crise financière en Islande

En {{date}}, Eva Joly est appelée par le gouvernement islandais pour servir en tant que conseillère spéciale dans une enquête sur une possible criminalité financière qui aurait aggravé la crise financière dans le pays.

Elle rend un rapport de 2000 pages en {{date}}. La chanteuse islandaise Björk estime que cette mission a constitué un apport immense pour son pays.

Eva Joly renonce ensuite à ce poste, la raison officielle de ce départ étant sa préparation à la campagne présidentielle française de 2012, comme candidate du mouvement écologique Europe Écologie Les Verts.

Engagement politique

présidentielles]].

Proche du Mouvement démocrate

Eva Joly est, en 2007-2008, proche du Mouvement démocrate et aurait, selon Nicolas Hulot, approché François Bayrou pour être tête de liste MoDem aux élections européennes, mais, ne recevant pas l'investiture souhaitée, elle n'aurait pas donné suite. Elle expliquera plus tard ce départ en jugeant que François Bayrou « n'a pas de programme ».

Engagement écologiste

{{Article détaillé}} En octobre 2008, elle rejoint le rassemblement Europe Écologie, en deuxième position sur la liste des écologistes en Île-de-France en vue des élections européennes. La liste conduite par Daniel Cohn-Bendit recueille 20,86 % des voix, et elle est élue députée européenne, le {{date}}.

Dès 2010, elle annonce son intention de se présenter sous les couleurs écologistes à l'élection présidentielle française de 2012{{,}}. Eva Joly est considérée comme la favorite de la primaire écologiste jusqu'à la déclaration de candidature de Nicolas Hulot.

Elle bénéficie du soutien de certains Verts de premier plan, mais pas de la direction. Elle arrive cependant en tête du premier tour, fin {{date}}, manquant de l'emporter à 63 voix près. Le {{date}}, elle est proclamée vainqueur de la primaire avec 58,16 % des voix face à Nicolas Hulot : Eva Joly devient ainsi la candidate officielle d'Europe Écologie Les Verts pour l'élection présidentielle de 2012.

À deux reprises, Eva Joly tient des propos remarqués sur DSK et le Prix de l'humour politique lui est décerné pour sa formule {{Citation}}, qu'elle prononce en {{date}}, alors que sa candidature à la présidentielle 2012 se précise et qu'on l'interroge sur ses rivaux socialistes potentiels.

En {{date}}, pendant les primaires écologistes et la campagne qui les précède, l'ancienne juge d'instruction fait ce commentaire sur l'ex-directeur du FMI, alors que l'affaire du Sofitel de New York est à la une des médias du monde entier : « C'est un homme ; il est riche, puissant et connu, face à une femme faible, pauvre et inconnue : il a perdu !! ».

Le {{date}} elle obtient le prix Sophie de l'environnement et du développement durable pour son engagement dans la lutte contre les paradis fiscaux.

Campagne pour l'élection présidentielle de 2012

{{Article connexe}}

Logotype utilisé dans le cadre de sa campagne. Deux jours après avoir été désignée pour représenter Europe Écologie Les Verts à cette élection, sa campagne connaît un début très mouvementé, dès sa première proposition de candidate : le remplacement du défilé militaire de la fête nationale sur les Champs-Élysées par un « défilé citoyen ».

Dans les mois qui suivent, elle fait d'autres propositions qui provoquent aussi des polémiques : par exemple, l'abandon du droit de véto et du siège de la France au Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies, au profit d'un représentant européen unique et la création de deux jours fériés, un pour les juifs et un pour les musulmans, afin que {{citation}}…

Le {{date}}, en désaccord avec les virulentes critiques qu'elle adresse au Parti socialiste alors qu'Europe Écologie Les Verts avait signé avec eux un accord de gouvernement, Yannick Jadot, son porte-parole, démissionne de l'équipe qui dirige sa campagne.

Le {{date}}, la chronique dans laquelle Patrick Besson parodie l'accent étranger de la candidate écologiste déclenche une vive polémique et une réponse d'Eva Joly, qui considère que ce billet est « une attaque raciste ».

Le {{date}}, l'ancienne magistrate est condamnée à une amende avec sursis pour avoir diffamé David Douillet.

Lors de la campagne, Eva Joly prend position sur ce qu'elle considère comme l'occupation et la colonisation du Tibet par la Chine, soutenant la demande d'une réelle autonomie par l'administration centrale tibétaine et se préoccupant de l'immolation de Tibétains depuis mars 2011. Elle cosigne avec Jean-Marc Brûlé et Élodie Bernard un article sur le Tibet publié par Mediapart et critique Jean-Luc Mélenchon qui soutient la Chine contre le Tibet.

Le {{date}}, Le Monde regroupe des analyses sur ses mauvais scores dans les sondages d'opinions et sur ses rapports difficiles avec les journalistes, d'où il ressort, entre autres, {{citation}} pour mener une campagne électorale, qu'elle {{citation}}, que {{citation}} voire qu'{{citation}}, conclut Christophe Barbier.

Totalisant 2,31 % des voix (828345 voix) au premier tour, Eva Joly termine sixième de cette élection présidentielle loin derrière François Bayrou et devant Nicolas Dupont-Aignan, se trouvant ainsi à un niveau légèrement supérieur à celui de Dominique Voynet en 2007 (1,57 %) mais bien en dessous de celui de Noël Mamère en 2002 (5,25 %). Elle appelle dès le soir du premier tour à voter pour François Hollande au second tour.

Après-campagne

Dans le cadre de l’Organisation des Nations unies, Eva Joly est chargée en juin 2012 d’une mission anti-corruption en Afghanistan, où elle se déplacera avec deux experts internationaux au cours du mois de juillet.

Le {{date}}, elle lance le think tank « #engagement » qui se veut une plate-forme d'échange d'idées.

Le {{date}}, elle se dit favorable à un départ d'EELV du gouvernement actuel estimant de celui-ci : {{citation}}, alors que {{citation}}{{,}}. Ce départ aura lieu en avril.

En décembre 2014, elle est condamnée pour diffamation pour des propos visant Christian Vanneste dans le cadre de la polémique sur la déportation des homosexuels en France. Le même mois, elle déclare vouloir devenir avocate. Elle se présente devant le Conseil de l'Ordre de Paris pour s'expliquer sur ses motivations et est inscrite à l'ordre en février 2015{{,}}.

État d'urgence en France en 2015

Le 30 novembre 2015, elle compte parmi les signataires de lAppel des 58 : « Nous manifesterons pendant l'état d'urgence »{{,}}.

Œuvre

  • Notre affaire à tous (avec la collaboration de Laurent Beccaria, éds Les Arènes, Paris, 2000) (rééed. « Folio documents », Gallimard, Paris, 2002) {{ISBN}}
  • {{no}} Korrupsjonsjeger: Fra Grünerløkka til Palais de Justice, Aschehoug (2001) {{ISBN}}
  • L'Abus de biens sociaux à l'épreuve de la pratique, éditions Economica, 2002 {{ISBN}}
  • Est-ce dans ce monde-là que nous voulons vivre ?, éds Les Arènes, Paris, 2003 (rééd. « Folio documents », Gallimard, Paris, 2004) {{ISBN}}
  • {{de}} Im Auge des Zyklons, Riemann I. Bertelsmann Vlg, 2003 {{ISBN}}
    • La Force qui nous manque. Petit traité d'énergie et d'orgueil féminin (avec la collaboration de Judith Perrignon), témoignage, éds Les Arènes, Paris, 2007 {{ISBN}}
  • Des héros ordinaires (avec Maria Malagardis), éds Les Arènes, Paris, 2009 {{ISBN}}
  • Les Yeux de Lira, avec Judith Perrignon, mai 2011, éditions Les Arènes {{ISBN}}
  • Sans tricher, 2 février 2012, éditions Les Arènes, collection Documents, 250 pages, {{ISBN}}
Est-ce dans ce monde-là que nous voulons vivre ?
LivresDisponible
Publication
Paris : les Arènes, 2003
Date de publication
2003
Des héros ordinaires
LivresDisponible
Publication
Paris : les Arènes, impr. 2009
Date de publication
2009