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Deledda, Grazia (1871-1936)

Biographie

Grazia Deledda en compagnie de son mari et son fils, à Rome, vers 1905. Avec Giuseppe Brotzu, Antonio Gramsci et Emilio Lussu, Grazia Deledda compte parmi les Sardes les plus importants du {{XXe siècle}}.

Née dans un famille de la classe moyenne, elle n'a pas terminé la période de scolarisation primaire. Ses parents demandent alors à un ami de parachever son éducation par des leçons dispensées à la maison. La jeune fille est toutefois autodidacte dans son apprentissage de l'écriture littéraire.

Dans ses œuvres, qui pour la plupart se déroulent dans la partie la plus profonde de la Sardaigne (la Barbagia), elle offre la description d'un monde agropastoral gouverné par une loi antique et non écrite appelée balentia. Dans cet univers rigide et pétri de traditions, ses nouvelles parviennent à esquisser avec finesse les émois, les violences et les inquiétudes de l'âme humaine, notamment dans le recueil Les Tentations (Le Tentazioni, 1899).

Plusieurs des romans de Deledda atteignent également la force d'évocation qui fait le propre de son art, notamment Elia Portolu (1903) et surtout Des roseaux sous le vent (Canne al vento, 1913) où la vie des hommes est comparée à des roseaux qui se plient au vent sans être brisés.

L'opposition entre la ville et le milieu rural est un thème récurrent de son œuvre. Par exemple, Dans le désert est le récit de Rosalia Asquer, une jeune Sarde venue s'installer chez son oncle à Rome. Ses parents et ses connaissances restées au village ne tardent pas à s'inquiéter de la vie qu'elle mène dans la grande ville, où tout leur paraît terriblement onéreux et immoral. Or la jeune femme espère réaliser tant de ses aspirations que Rome ne suffit pas à combler sa soif de liberté.

Certains romans s'attachent d'ailleurs aux regrets de ceux qui n'ont pas saisi au vol la chance de s'évader de leur monde étroit. Dans Le Pays sous le vent (Il Paese del vento, 1931), une innocente jeune fille, ignorante de ce qu'est l'amour, est présentée chez ses parents à Gabriele, un fils de bonne famille charmeur et excentrique. Cette brève rencontre, où se noue un lien chaste et secret, hante la jeune fille encore longtemps après le départ de Gabriele. Des années plus tard, elle se marie et, pendant son voyage de noces, croise Gabriele, malade, qui réveille en elle ses anciens désirs qu'elle oppose à la médiocrité de sa présente situation.

L'œuvre de Deledda traite donc des thèmes forts de l'amour, de la douleur et de la mort, qui nourrissent les sentiments du péché et de la fatalité. S'y retrouvent en filigrane les influences du vérisme de Giovanni Verga, et aussi du « décadentisme » de Gabriele D'Annunzio.

Fidèle à son personnage, Grazia Deledda reçoit le Prix Nobel de littérature en 1926 sans un sourire.

Le pays sous le vent
LivresDisponible
Publication
Paris : Cambourakis, DL 2017
Date de publication
2017